Les artistes alémaniques remportent le Prix suisse de la performance 2014

Gisela Hochuli, Preisträgerin der Performance Art Award 2014, Gisela Hochuli, Lauréate du Prix suisse de la Performance 2014
Gisela Hochuli. 1er Prix suisse de la performance 2014. “In touch with M.O. – une sélection” 2013. © Silvia Studerus

Le jury du Prix suisse de la Performance, accueilli par la Ville de Genève, a décerné, ce soir, un prix de CHF 25’000.- à Gisela Hochuli et un prix de CHF 10’000.- à Julia Geröcs. Le Prix du public, doté d’un montant de CHF 5000.- a été attribué à Nils Amadeus Lange et Janet Haufler.

Sept concurrent-e-s, âgé-e-s de 24 à 83 ans et venu-e-s de toute la Suisse, étaient en lice pour le prix cette année.
Lucerne accueillera le prochain prix en 2015.

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Sami Kanaan, maire de Genève a remis le Prix suisse de la Performance, ici avec Gisela Hochuli. ©GenèveActive.

La sélection du jury 2014 se portait sur :
Mio Chareteau (GE), Julia Geröcs (ZH), Gisela Hochuli (BE), BERTA KOCH – Talaya Schmid et Nele-Marie Gräber (ZH)-, Nils Amadeus Lange & Janet Haufler (BS/BE), Darren Roshier (VD), Martina-Sofie Wildberger (GE).

 

Gisela Hochuli, Lauréate du Prix suisse de la Performance 2014/Preisträgerin des Performancepreis Schweiz 2014
Gisela Hochuli. 1er Prix suisse de la performance 2014. “In touch with M.O. – une sélection” 2013. © Silvia Studerus

 “À l’occasion du 100e anniversaire de Meret Oppenheim (M.O.) en 2013, Gisela Hochuli fait référence dans sa performance à des œuvres choisies de l’artiste M.O. Il s’agit d’œuvres qui,ont de tout temps, dans sa jeunesse comme aujourd’hui , touché et impressionné Gisela Hochuli. Elle envisage le travail de M.O. non seulement pour sa forme esthétique, mais aussi pour sa matérialité, son importance, son intégration dans un contexte historique et social et son rayonnement. A partir d’une sélection d’œuvres, Gisela Hochuli développe un travail singulier centré sur le corps, l’étude du matériau et la transformation.”

Rapport du jury (extrait) : “Le jury apprécie beaucoup cette performance pour sa poésie. Gisela Hochuli a réussi à mettre son corps, l’espace et les choses au service d’une poétique propre. Elle a été capable d’agir avec des objets, de montrer des processus de transformation des matériaux utilisés. Le jury soulève en particulier le fait que sa performance n’était pas orientée sur un concept ou une idée, mais sur le faire, sur l’action, qui, dans la scène de la toute fin, devient figure et expression. Elle a ainsi touché le cœur même de la discipline et de son histoire, tout en la transgressant. La tension soutenue et le sentiment de désorientation de la fin, tout comme les changements de rythme et le rapport aux matériaux témoignent d’une maîtrise corporelle et spatiale poussée. Même sans connaître les œuvres de Meret Oppenheim auxquelles la performance fait allusion, l’engagement total et l’intensité de l’artiste pouvaient êtrepleinement appréciés par le public.”

 

Julia Geröcs, Lauréate du Prix suisse de la Performance 2014/Preisträgerin des Performancepreis Schweiz 2014
Julia Geröcs. 2e Prix suisse de la performance 2014. “Un jeu sur le sens et la notoriété,” coproduction avec la folkloriste Claudia Canella,

“Mes performances convoquent des émotions enfouies et taboues pour lesquelles la société n’offre que peu ou pas de moyens d’expression. Elles se construisent à partir d’histoires vécues dans lesquelles apparaît un conflit émotionnel et/ou éthique sous une forme grotesque, outrancière. J’analyse alors les conflits choisis ainsi que les normes et les valeurs culturelles qui y sont associées, en observant et en décrivant les actions, les perceptions et les sentiments.

Les récits courts, écrits à la première personne, que je raconte, sont accompagnés d’une chorégraphie créée et répétée à l’avance.
J’attache une grande importance dans mes mises en scène à l’interaction avec les accessoires. Les enchaînements de mouvements avec des objets, parfois à la limite du mime ou de l’abstraction, m’aident à représenter les actions décrites et permettent aux spectateurs de faire des associations libres, de façon imagée. Lors de la performance, j’utilise mon propre corps comme un accessoire, comme un objet qui me serait étranger. Dans mes créations, j’envisage de prendre une telle distance par rapport aux récits autobiographiques que leur authenticité en est finalement remise en question.

Je prends part au Prix suisse de la Performance cette année avec un travail inspiré d’une citation de Milan Kundera: « Derrière toutes les croyances européennes, qu’elles soient religieuses ou politiques, il y a le premier chapitre de la Genèse, d’où il découle que le monde a été créé comme il fallait qu’il le fût, (…) Appelons cette croyance fondamentale accord catégorique avec l’être. (…) Il s’ensuit que l’accord catégorique avec l’être a pour idéal esthétique un monde où la merde est niée et où chacun se comporte comme si elle n’existait pas. Cet idéal esthétique s’appelle le kitsch. » (M. Kundera: L’insoutenable légèreté de l’être (1987), 2013, Ed. Fischer, Frankfurt a.M., p. 237).

Dans les histoires de Cacologie, il s’agit de personnes qui sont dans la merde au sens propre comme au sens figuré, mais qui tentent d’échapper à leurs difficultés au moyen du kitsch. J’aimerais aborder dans mon travail la question de savoir si, dans notre vie, le kitsch est un phénomène à combattre ou une nécessité.” Julia Geröcs.

Rapport du jury (extrait) : “Le jury apprécie la manière dont Julia Geröcs s’est emparé d’un matériau, le texte, pour l’incarner d’une façon extrêmement précise, dans un mode quasi filmique. Elle a réussi à faire un montage de plusieurs séquences, gardant une présence extrêmement forte en tant qu’interprète. Le jury a longuement délibéré au sujet de cette performance, dont l’aspect théâtral et très mis en scène a pu paraître déroutant. Son soin du détail, sa manière d’entrer dans le texte, de montrer quelque chose d’un ordre intime et personnel, tout en gardant une distance maîtrisée grâce à sa chorégraphie précise font cependant de sa performance une délicate possibilité de parler de l’être humain. Le jury soulève en particulier son approche thématique, son langage corporel élaboré et sa capacité à intégrer des ambivalences et gérer des simultanéités tant au niveau du geste et de l’image qu’au niveau langage.”

 

Performance Art Award 2014
Nils Amadeus Lange et Janet Haufler. Prix du Public.

“Nick, tell me what you want me to be. Nicky, don’t be afraid to hurt my feelings. Tell me what you want me to be, how you want me to be. I can be that. I can be anything. Just tell me, Nicky.“

Composition du jury

– Muda Mathis, artiste et enseignante à la FHNW HGK, Institut Kunst de Bâle ;
– Fabrice Gygi, artiste et professeur à l’ECAL de Lausanne ;
– Judith Huber, artiste, performeuse et curatrice indépendante de Lucerne ;
– Olivier Kaeser et Jean-Paul Felley, co-directeurs du Centre Culturel Suisse à Paris ;
– Florian Feigl, artiste, curateur et enseignant à Berlin.

A suivre : on reparlera très prochainement. de la performance à Genève où elle est présentée régulièrement depuis 40 ans.

Le Prix suisse de performances se pose à Genève. 7/11/2014

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