Premier Grand Prix suisse de musique pour Franz Treichler

Le Fribourgeois Franz Treichler remporte le Grand Prix suisse de musique, doté d’un montant de 100’000.-, prix remis pour la première fois par l’Office fédéral de la culture (OFC)

Membre fondateur du groupe The Young Gods, créé en 1985, Franz Treichler a contribué à lui donner la notoriété internationale dont il bénéficie aujourd’hui. Après près de 30 ans d’activité artistique et de recherche de nouvelles expériences, Franz Treichler mène de nombreux projets et collaborations avec d’autres disciplines artistiques comme la danse ou le cinéma.

Le premier Grand Prix suisse de musique a été décerné à Franz Treichler, lors d’une soirée organisée à l’Opéra de Lausanne en présence du Conseiller fédéral Alain Berset. Désigné sur proposition du Jury fédéral de musique parmi 15 nominés, Franz Treichler reçoit un montant de CHF 100’000.- . Il sera en concert avec The Young Gods le samedi 20 septembre à 20h et le dimanche 21 septembre à 11h sur la Place centrale, à Lausanne, dans le cadre du festival Label Suisse.
En 2013, l’OFC a mandaté une équipe de dix experts composée de critiques musicaux, de musiciens et de spécialistes du domaine. Elle a sélectionné des candidats issus de toutes les régions linguistiques du pays et de l’ensemble des domaines musicaux et soumis cette sélection au Jury fédéral de musique. En mars 2014, les sept membres du jury ont choisi 15 finalistes parmi les 41 musiciens proposés, puis parmi ces 15 finalistes le lauréat, Franz Treichler.

Les 15 nominés désignés pour concourir au Grand Prix suisse de musique ont fait l’objet d’une campagne de promotion entre le mois de mars et le mois de septembre. Dragos Tara (Lausanne), Mama Rosin (Genève), Franco Cesarini (Melide), Corin Curschellas (Rueun), Andreas Schaerer, Beat-man et Julian Sartorius (Berne), Irène Schweizer et l’ensemble Steamboat Switzerland (Zurich), Norbert Möslang (Saint-Gall), l’Ensemble Phoenix Basel (Bâle), Erika Stucky (Thalwil), Hans Kennel (Baar) et Marcel Oetiker (Altendorf) ont en outre chacun reçu un montant de 25’000.-.

Franz Treichler est né à Fribourg en 1961. Il sort des classes de virtuosité de gui- tare classique du conservatoire de Lausanne en 1983 pour se consacrer aux musiques électriques. Il est à l’origine de l’ouverture de la salle de concert Fri-Son et activiste du mouvement rock et alternatif du début des années 80. En parallèle, il fonde en 1985, The Young Gods, groupe qui sera cité comme influence notamment de Nine Inch Nails, U2 ou David Bowie. Leur carrière dé- passera largement les frontières nationales, notamment suite à leur signature sur le mythique label étasunien Interscope. Ils tournent dans le monde entier pendant plus de vingt-cinq ans. A côté des Young Gods, Franz Treichler, poussé par son envie perpétuelle d’évolution et sa volonté incessante d’aller plus loin, travaille sur une multitude de projets. Il est directeur musical de la compagnie Gilles Jobin (danse contemporaine), produit de nombreux albums, met en musique des films muets issus du mouvement Dada, fait partie d’un collectif de musique électronique, sonorise diverses expositions et part enregistrer les musiques indigènes traditionnelles dans la forêt amazonienne.

 

Hommage à Franz Treichler
de Michael Kinzer, membre du jury fédéral de musique

La déflagration sèche et sonique d’un futur grand groupe suisse déchire la nuit électrique et sale d’un futur grand club suisse. Au micro ? Franz Treichler, le timbre sombre et envoûtant.
Depuis plus de 30 ans, Franz Treichler est un activiste et un visionnaire, un peu genevois mais surtout fribourgeois, avide d’échappées artistiques comme d’aventures culturelles.
Franz Treichler a contribué à lancer et à pro- mouvoir le mouvement de la culture alternative. Il est de l’équipe d’origine qui a offert à Fri-Son ses premiers rêves et ses premières lettres de noblesse, quand celles-ci sont encore teintées d’artisanat et de convictions juvéniles. Il est plus tard moteur du bouillonnement artistique genevois. Il œuvre alors au cœur du collectif associatif et de l’espace autogéré Artamis, une pépinière d’intentions aussi denses que parfois utopistes.
Franz Treichler est un instrumentiste virtuose, qui a mis sa maîtrise classique au service de sa recherche passionnelle d’innovations musicales. Cette soif d’ouverture l’aura amené à créer avec le Sinfonietta de Lausanne comme avec le trompettiste Erik Truffaz, à côtoyer l’inclassable Erika Stucky, à collaborer avec l’anthropologue Jérémy Narby ou encore à construire les univers sonores du génial chorégraphe Gilles Jobin.
Mais c’est avec son groupe The Young Gods qu’il aura durablement contribué à marquer l’internationale du rock. Dès ses débuts, le trio détonne par un anticonformisme musi- cal qui met en scène l’utilisation alors particulièrement rare du sampler. Rappelons qu’à cette époque, on écoutait beaucoup Sting, Def Leppard, INXS, les Guns’n’Roses, Prince et Michael Jackson. Tous encore relativement jeunes et assez vivants.
La révolution musicale initiée par la bande à Treichler n’a d’égal que l’admiration que leur voue le gotha de la scène mondiale. The Edge de U2, Sonic Youth et David Bowie les citent comme source d’inspiration. Et quand Bertrand Cantat ou la légende du rock alternatif Mike Patton jouent en Suisse, ils n’oublient pas de rendre nommément hommage à Franz Treichler.
Leur premier brûlot est sacré disque de l’année en 1987 par l’influent et séminal hebdomadaire anglais Melody Maker. Leur second opus leur ouvre grand les portes de l’eldorado américain. Leur 3ème, TV Sky, est l’album de la consécration, un monument de violence synthétique.
Mais Franz Treichler le précurseur reste farouche et indomptable. Il ne se laisse pas enfermer dans le ghetto commercial de la machinerie rock, indus et US. Ses Young Gods prennent alors le contre-pied en explorant l’ambient et la musique électronique, bien avant que celle-ci soit l’apanage de la coolitude et de la branchitude.
Attention. On ne plonge pas ici dans une nostalgie bienveillante. Franz Treichler multiple les explorations sonores, les collaborations artistiques, fort d’un bagage musical impressionnant. Les récents albums des Young Gods ont su garder la fraicheur et l’inventivité de leurs débuts. Leurs performances live aux quatre coins du globe ont aujourd’hui encore l’intensité de toujours, chaque soir comme si c’était la dernière fois.
Gageons que demain, sur la scène principale de Label Suisse, lorsque la première déflagration sèche et sonique d’un grand groupe suisse déchirera le crépuscule lausannois, la fierté saura nous envahir, la fierté de compter en notre pays une figure emblématique de la musique électrique mondiale.
Cette figure, c’est son fondateur, son âme créatrice et son chanteur charismatique, Franz Treichler, premier lauréat du Prix Suisse de Musique.

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Publié dans musique