Le sort du théâtre de la Nouvelle Comédie est lié à  celui du CEVA

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Gare des Eaux-Vives: un site d’une surface de plus de cinq hectares sur une des plus grandes parcelles encore disponibles en ville de Genève.

Le 24 juillet, David  Hiler, Président du Conseil d’Etat, a annoncé l’approbation par le Conseil d’Etat du plan directeur de quartier, précisant que beaucoup de choses ne se feront pas sans le CEVA. Les différentes zones du futur quartier de la Gare des Eaux-Vives sont actuellement en zone ferroviaire et la construction souterraine du raccordement ferroviaire Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse (CEVA), permettra à  la Ville et à  l’Etat de Genève de récupérer le terrain en surface pour y construire des logements et des équipements publics.

 

L’objectif est de créer une zone de développement 3 accompagnée de trois zones de verdure. Ce site d’une surface de plus de cinq hectares a été identifié par le plan directeur cantonal en vigueur comme un enjeu d’aménagement de première importance. Dans son ensemble, ce PDQ, fruit d’une démarche coordonnée entre la Ville et l’Etat de Genève, guidera, sur une durée de quinze à  vingt ans, les réalisations futures dans le quartier de la Gare des Eaux-Vives.
Les opposants au crédit complémentaire destiné au CEVA s’activent actuellement pour récolter les 7000 signatures qu’ils doivent déposer le 17 août 2009, ceci malgré la récente annonce de la Confédération d’augmenter sa participation en fonction des surcoûts, ainsi que l’invalidation définitive par le Tribunal fédéral de l’initiative 139 “Pour une meilleure mobilité franco genevoise”, plus connue sous l’appellation anti-CEVA. Des habitants de Champel s’opposent à  la portion du tracé qui passe près de, ou sous, chez eux et l’ensemble des recours engendre de nouveaux surcoûts suite aux dépassements de délais. Il semble donc qu’une votation clé aura bien lieu en décembre de cette année.

Sans CEVA ce n’est pas seulement le projet d’une nouvelle Comédie qui devra être abandonné mais également la revitalisation d’un quartier important, stratégique, sur une des plus grandes parcelles encore disponibles en ville de Genève.

David Hiler estime que si le long processus – autorisations de construire, vote de crédits, PLQ, déclassements, se déroule normalement les travaux, en termes de construction, commenceront vers 2015-2017. Au Département du territoire, l’on estime que les nouveaux logements seront mis à  disposition vers 2020. A la Ville, Isabelle Charollais, codirectrice du département des constructions et de l’aménagement, imagine que les délais seront tenus et que le théâtre pourra être mis en service en même temps que le CEVA en 2016. “Lors des discussions avec le groupe de coordination du projet CEVA, l’objectif le plus optimiste est de mettre en service tous les bâtiments en même temps que le CEVA afin d’éviter une dizaine d’années de chantier dans le quartier. C’est donc plus une question de coordination technique des chantiers entre eux qui va dicter le rythme et la planification. Tout ne sera peut-être pas ouvert en même temps en avril 2016, mais c’est l’objectif visé, sachant qu’il y aura peut-être une ou deux années de décalage avec les dernières réalisations.”

Projet pour une nouvelle Comédie

Pendant ce temps, le concours international de projet pour la Nouvelle Comédie suit son cours. Lancé fin janvier 2009, en procédure ouverte, à  deux degrés, près de 80 dossiers ont été rendus, un résultat qu’Isabelle Charollais qualifie de très bon score. A l’issue du jugement du 1er degré une dizaine de projets ont été retenus, le jugement du 2ème degré aura lieu en octobre 2009, sera dévoilé vers le 20 octobre et l’exposition des projets le 2 novembre à  la Salle du Faubourg. Parmi les enjeux principaux, l’aspect économique est clairement défini : “Les concepteurs devront privilégier en premier lieu l’efficacité et la simplicité des propositions plutôt que la recherche d’une architecture luxueuse ou de prestige.”

vue du foyer

©Comédie de Genève

Pour les maîtres d’ouvrage, le bâtiment de la première institution théâtrale à  Genève sera un élément majeur dans la valorisation du quartier : “Avec une situation bien en vue, digne d’un bâtiment public de cette ampleur, la Nouvelle Comédie devra se manifester par un signe urbanistique et architectural fort qui trouvera sa résonance à  une échelle qui dépasse largement notre canton et dont le projet du CEVA ouvre de larges perspectives : Il s’agit de construire un théâtre qui soit à  la mesure de ce siècle et de ses défis ainsi qu’un pôle d’excellence pour toute la région.”

Fruit d’une démarche coordonnée entre la Ville et l’Etat de Genève, le PDQ guidera, sur une durée de quinze à  vingt ans, les réalisations futures dans le quartier de la Gare des Eaux-Vives.
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Patrice Mugny aimerait voir un geste architectural fort pour un lieu d’importance dans le nouveau quartier des Eaux-Vives. (01/2009)

sculpture

Le sourire cynique de Monsieur Baudin, architecte du théâtre. “De qui se moque-t-il? La réponse se trouve dans son oeuvre, l’édifice qui lui fut commandé et qu’il érigea comme un valet de comédie: il obéit à  son maître et le roule pourtant, car il exécute son ordre exactement tel qu’il lui a été donné.” (Rapport Langhoff).

Qu’adviendra-t-il de l’ancienne Comédie? Ecouter l’avis de Patrice Mugny. (01.2009)

Direction de la Nouvelle Comédie
Au Département des affaires culturelles, Virginie Keller, cheffe des “Services aux artistes et acteurs culturels”, nous indique que la mise au concours du poste de directeur ou de directrice du nouvel établissement aura lieu au printemps 2010, pour une nomination en été 2010 et une prise de fonction entre décembre 2010 et janvier 2011, le contrat de l’actuelle directrice, Anne Bisang, arrivant à  échéance en juin 2011. Si le crédit complémentaire destiné au CEVA est accepté par le peuple, l’éventualité d’un recours contre le crédit pour la Nouvelle Comédie est le prochain obstacle redouté. Dans l’intervalle, l’actuelle Comédie, dont le rapport Langhoff a démontré l’inadéquation à  la réalisation de sa mission, continuera d’assurer les saisons.

“La salle a le droit d’être folle”

La pertinence de la construction d’un théâtre à  l’Italienne sera certainement l’objet de débats qui infirmeront ou avaliseront l’avis de Jean Genet, en 1966 : « Le théâtre à  l’italienne ne fera pas de vieux os. Je ne sais rien de son hisÂtoire, comment il a commencé ni pourquoi il s’est accompli en une sorte de puits avec corbeilles, baignoires, loges et poulaillers (quels noms !), mais je le sens mourir en même temps que la société qu’y venait s’y mirer sur la scène. Cet accomplissement correspondait à  une immoralité fondamentale : pour la poulaille la salle – orchestre, loges, corbeilles – était un premier spectacle, qui formait en somme un écran – ou un prisme – que devait traverser le regard avant de percevoir le spectacle de la scène. Le poulailler voyait et entendait à  travers, en quelque sorte, le spectateur privilé­gié de l’orchestre et des loges.

Le spectateur de l’orchestre et des loges se savait regardé – goulûment – par celui de la poulaille. Se sachant spectacle avant le spectacle, il se comportait comme un spectacle doit le faire : afin d’être vu.

D’un côté comme de l’autre – je veux dire, en haut comme en bas – le spectacle de la scène n’arrivait donc jamais aux spectateurs dans sa totale pureté. (…) La salle a le droit d’être folle. (…) On doit pouvoir entrer et sortir en pleine représentation, sans gêner personne. Et rester debout aussi, et même s’approcher de la scène si l’on a envie, comme on s’approche ou qu’on s’éloigne d’un tableau.” (Jean Genet, Lettres à  Roger Blin, Gallimard)

L’architecte Rem Koolhas s’est engagé sur la voie du renouvellement après avoir remarqué que les modèles du dispositif théâtral européen limitaient le théâtre.”Les formes contemporaines recouvrent des typologies conservatrices : la configuration des théâtres est basée sur des pratiques datant du XIXe (et particulièrement symboliques par exemple avec la disposition des balcons comme moyen de ségrégation sociale).
« Bien que les éléments essentiels du théâtre reposent sur près de trois mille ans de pratique, il n’existe aucune excuse à  cette stagnation qui refuse l’expérimentation et ignore les innovations notables du XXe siècle.” Genève attend donc le théâtre du XXIe siècle que Matthias Langhoff demandait déjà , dans son rapport publié en 1987 : “Je présuppose que l’Administration de la Ville, dans ses réflexions, ne perd pas de vue le besoin et le droit des Genevois d’avoir un bon théâtre; qu’elle voit bien qu’il existe à  Genève toute une série de gens de théâtre suisses et étrangers capables de réaliser un tel travail. Qu’il s’agit donc d’un projet qui doit être exécuté maintenant, au plus vite, et non dans un avenir lointain.”

Jacques Magnol

 

Nouvelle Comédie : Le cahier des charges architectural en résumé
– Une salle principale ou frontale d’une jauge d’environ 500 places.
– Une salle modulable d’environ 18 m par 30 m au sol et d’une jauge publique non fixe pouvant aller jusqu’à  300 personnes.
– Une salle de répétition.
– Des ateliers de construction de décors et de costumes.
– Des espaces publics complémentaires permettant de développer les diverses activités annexes organisées autour des représentations (expositions, documentations, lectures, débats, etc.). Il est important que l’espace cafétéria-restaurant puisse être ouvert toute l’année, accessible au public même en dehors des représentations.
– Un accès public largement dimensionné, très visible, comportant des possibilités d’affichage importantes.
– Un accès décors très fonctionnel.
– Des bureaux administratifs et techniques en nombre suffisant.

L’ensemble de cette réalisation représente une surface brute de plancher de 15’000 m2 environ. Le coût global de l’opération peut être estimé à  60-70 millions de francs (y compris intérêts intercalaires).

 

L’avis des Genevois à  propos des équipements culturels

Lors de l’enquête réalisée en 2004 par l’Institut M.I.S. TREND SA de Lausanne (à  la demande du DIP, du DAC et de l’ACG), il était apparu que parmi les équipements à  développer en priorité, le Musée d’ethnographie était cité en premier (24%), puis la Nouvelle Comédie (17%), la Bibliothèque de Genève aux Bastions (15%), un Centre des arts contemporains à  Plainpalais / BAC+3 (14%) et une Maison de la danse à  Lancy (10%).

 

Sites à  consulter à  propos du CEVA :

Le site officiel
Convention du 7 mai 1912, entre la Confédération suisse et le canton de Genève
Le Pro-CEVA
Alp-Rail
Métropole Genève

Mise à  jour:

– 17 août 2009.

remise des signatures

L’Association pour une meilleure mobilité franco-genevoise a déposé le 17 août les signatures récoltées contre le projet CEVA. Les opposants à  une meilleure mobilité, aussi adeptes de la méthode Coué,  parlent d’un large soutien populaire.

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Publié dans architecture et urbanisme, scènes
2 commentaires pour “Le sort du théâtre de la Nouvelle Comédie est lié à  celui du CEVA
  1. andre.b dit :

    Sur les cinq projets cités, 2 ont déjà  coulé : bac 3 et maison de la danse, sans parler du musée d’art et d’histoire, c’est fort.

  2. Eclair dit :

    ca va permettre d’arroser tous les copains (banques, immobilier, construction, architectes à  l’affut…) et pas grand chose pour les acteurs locaux ni pour la population. Faudra dégainer pour se payer une place. D’ailleurs nous on s’en fiche royalement de leurs désirs d’immortalité de nains. On veut du travail, des droits au chomage, des crèches. Plus d’intelligence et un véritable intérêt pour l’intérêt du plus grand nombre !

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