L’amour terroriste et romantique en cave

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Amour romantique en bunker

Dans un contexte claustrophobe bien rendu par le dispositif scénique en split screen (écran partagé) évoquant le contrôle parental à distance et la blogosphère. l’ensemble remixe actionnisme corporel performatif et scies amoureuses interprétées live par le compassionnel Elmer Bäck. Cet être androgyne a la souffrance quasi muette, hallucinée et la truffe humide. On jurerait que sa silhouette aurait croisé les gênes dérangées d’un cabaret transgenre et d’une enfance abusée portant-t-shirt à l’effigie de la panthère rose. Il prononce faiblement comme dans un pépiement le « Je suis une victime », un statut qui lui est sans doute dénié. Comme il le fut, en partie, dans des circonstances, elles, bien réelles à Natascha Kampusch lorsqu’elle refusa de réduire son ravisseur et bourreau Wolfgang Priklopil au rang bien trop commode de « monstre » retranché de l’humanité commune. Ce au cœur d’un amour à mort où la folie est « bunkérisée » comme interrogé par Elfriede Jelinek dans Winterreise. Architecture de bunker qui suinte aussi de l’image inaugurale de la pièce voyant une bétonnière tourner inexorablement et un mur s’édifier.

Malgré son côté performance arty avec frites, ketchup et Nutella, Conte d’amour est à peine moins éprouvant que le film Father is a Dog du Coréen Lee Sang-Woo, qui explore aussi le huis-clos familial jusqu’à la suffocation. Trois frères, un ange au bras cassé, un débile profond et un dépressif subissent au jour le jour les humiliations d’un père tyrannique et violent. Là encore, public insensible s’abstenir, même si une tendre fraternité vient infléchir et adoucir le supplice.

 

Bertrand Tappolet

Conte d’amour. Théâtre du Loup. La Bâtie. 6 et 7 septembre. Rens. : www.labatie.ch

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