La critique fait débat : Peut-on dire qu’une oeuvre est nulle ou géniale ?

flyer

Quelles sont les finalités de l’évaluation du geste artistique? Comment communiquer à  propos de l’évaluation? La critique est-elle liée aux tendances du jour? Forum/Débat Genève Active : Mardi 17 novembre 2009, 12h15 à  13h45. White Box du Théâtre du Grütli. (2e étage)

Tout artiste se trouve constamment confronté au jugement sur son travail. Jugement sur ses projets puis sur leur réalisation. Jugement de la part des médiateurs (subventionneurs, programmateurs, éditeurs, galeristes,…), des journalistes, et finalement du public.

Le mot d’évaluation utilisé seul ne signifie rien si le processus d’évaluation lui-même n’est pas interrogé dans ses propres finalités. Entrer dans l’évaluation, c’est  négocier la place d’une oeuvre dans la hiérarchie des valeurs que désirent intégrer ceux qui la pratiquent.

Peut-on prendre au sérieux des dispositifs d’évaluation qui ne s’engagent pas dans la voie de la transparence et de la définition de ces valeurs ?

L’appréciation d’un projet est le fruit de rapports de forces complexes et l’évaluation avec ses indicateurs (nouveauté, efficacité, pertinence, cohérence, etc.) ne peut pas prétendre être un substitut à  l’influence des multiples raisons qui justifient la distinction d’un travail.
Le débat du 17 novembre porte sur cette question de l’évaluation du geste artistique.

Avec :

Jean-Pierre Greff, directeur de la HEAD.
Virginie Keller, cheffe du service culturel de la Ville de Genève.
Gabriel de Montmollin, directeur des Editions Labor & Fides.
Barbara Polla, Galerie Analix.
Michèle Pralong, co-directrice du Grü.
modérateur : Jacques Magnol, journaliste, éditeur de Genève Active.

Entrée libre, il est conseillé de s’inscrire.

*  *  *

Tagués avec :
Publié dans société
2 commentaires pour “La critique fait débat : Peut-on dire qu’une oeuvre est nulle ou géniale ?
  1. Jean-Jacques Kurz dit :

    Mardi 17 novembre : Peut-on dire qu’une pièce est nulle ?

    Notes de Jean-Jacques Kurz

    Sur un sujet où les médias sont concernés au premier chef, le seul journaliste présent est Jacques Magnol, éditeur de geneveactive.ch et modérateur du forum. Les critiques d’art et beaux-arts ont décliné l’invitation. L’un parce que son canari est suspecté de grippe A, l’autre à  cause d’un rendez-vous au garage pour graisser sa chaîne de vélo. Etonnant, non ?

    Beau panel, auquel manquait toutefois un représentant de la danse ou du théâtre, voire un artiste des arts graphiques plutôt qu’une galeriste. Entre 12h.15 et 13h.45 la place est restreinte.

    Quand Virginie Keller, cheffe du service culturel de la Ville de Genève, s’exprime, elle ne parle pas de politique culturelle mais de mécanisme d’attribution des subventions. En soi, c’est intéressant. On comprend que pour émarger au budget municipal, il faut d’abord avoir été – être s’en suivra. Comme pour un job de femme de ménage, il faut avoir des références d’abord. Prouvées. A la Ville, on gère la Culture comme un patrimoine familial : tout sur Novartis et Nestlé, surtout pas de start-up. D’autant plus, pense l’auditeur conforté par les assurances de Mme Keller, que le preneur de décisions finales ( Patrice Mugny) est soumis à  contrôle démocratique via les élections, se doit donc de plaire à  une majorité, la-dite majorité n’étant pas connue pour ses audaces culturelles. Et tant pis pour les experts.

    Les experts ? Pour Jean-Pierre Greff, directeur de la HEAD, on les réunit par devoir de cautionnement des décisions et on les écoute par obligation – ce qu’il formule avec élégance. Leur expertise est pourtant avérée par leurs pairs, ici et ailleurs, et leurs choix sont parfois d’une audace que le Chef ne saurait admettre. Bref : un béotien politique a le pas sur des experts en arts.

    L’édition, que représente Gabriel de Montmollin directeur de Labor & Fides, est sanctionnée par le public et se trouve parfois fort embarassée. Si une oeuvre est nulle, elle peut être un succès et se vendre très fort. Un chef-d’oeuvre peut rester totalement ignoré. Qui a le dernier mot ? Le public qui achète ou l’éditeur qui garde ses critères de qualité ? La question reste posée.

    Galeriste, Barbara Pola, qui nomme ” démocratie ” la multiplicité des galeries d’art au lieu de les appeler ” marché ” , a interminablement expliqué tout l’immense et acharné travail auquel elle se sacrifie pour sélectionner les artistes qu’elle expose. On a compris que pour elle, s’ il est répertorié dans une autre galerie, un pet de grenouille dans une éprouvette rose c’est de l’art. Passons.

    Au total, l’auditeur de base a toutefois remarqué que seuls deux intervenants on prononcé le mot ” public ”. Virginie Keller, du service culturel municipal; elle a dit ”public” dans le sens ”audimat” . Puis l’éditeur Gabriel de Montmollin, mais cette fois dans son vrai sens : le public récipiendaire d’une oeuvre de création. Comme si, pour les autres, la question posée était réservée à  un cercle d’initiés et d’intimes qui fonctionnent très bien entre eux.

    Au terme de ce forum, je suis un auditeur frustré. Des interventions de haut niveau, certes, mais qui n’apportent aucun élément de réponse à  la question posée. Dire qu’une pièce est nulle contrevient à  la conformité établie, plante un doigt dans l’oeil du consensus mou. Et qui êtes-vous pour oser le dire ?

    Ceux qui vivent de l’art ne craignent que les miroirs. Sauf s’ils sont couverts de buée …

    Jean-Jacques Kurz

  2. Brigitte Audeoud dit :

    Bonjour,
    pas d’accord avec la critique de la critique. Comme dab, Genève se provincialise, heureusement qu’il existe un M. Magnol, une Barbara Polla qui nous amènent :
    – Un Paul Ardenne qui intervient jeudi à  la HEAD de M. Greff
    – Une fenêtre sur l’Europe quand on pense par exemple à  l’intervention de Mme Nathalie Heinich interviewée lors de sa venue au forum de recherche organisé par André Ducret à  l’Université en 2008. Ainsi on peut écouter et réécouter sans se lasser Mme Heinich nous dire qu’il y a trop d’artistes.
    – Un site dont s’occupe, si j’ai bien compris une doctorante en arts plastiques de Paris 8.
    – L’intervention de Mme Keller que je n’ai pas comprise. Je lui dirais que comme les formations sont (ou ont été pour faire plaisir à  M. Greff) en dessous de celles que l’on trouve en Europe, il est difficile pour des artistes de présenter des dossiers de qualité.

    Ainsi, j’aimerais rappeler ici que contrairement à  ce qu’a affirmé M. Greff, qui pourrait décourager des étudiants que :
    un doctorat en pratique et théorie des arts en France se prépare en 8 ans et non en 10 puisque nous sommes passés (depuis assez longtemps) dans le processus de Bologne.
    -Qu’il est ouvert à  des étudiants des hautes écoles d’arts professionnelles sur présentation de dossier, à  tout niveau (LMD de Bologne). Que les fac françaises proposent des formations de haut niveau soit en recherche pour les plus fouineurs soit en filière professionnelle (voir les sites du ministère de l’éducation, l’Onisep par exemple mais aussi les services d’orientation des universités suisses comme à  Lausanne), on peut y étudier le cinéma, la danse, le théâtre, les arts plastiques, les arts appliqués, la médiation culturelle et scientifique et ceci aussi par correspondance avec le CNED pour le premier cycle (niveau bachelor).

    Que des étudiants suisses n’y trouveront pas un environnement luxueux mais des conditions matérielles souvent difficiles, que les cursus sont souvent interrompus par des grèves mais que le fait d’étudier avec des enseignants chercheurs qui bénéficient de grade de professeur universitaire, de maître de conférence, de chargé de cours au bénéfice de l’agrégation (concours passé au niveau de bac 5) fait que la relation étudiant-professeur peut se révéler fort fructueuse.

    Les options sont nombreuses ainsi que les passerelles vers les écoles d’art (Arles par ex.) et rien ne vous empêche de préparer en marge de votre master un diplôme de tchèque ou de suivre une double licence ou un double master si vous êtes fonceur. Les plus élitaires peuvent même penser à  l’ENS (Cachan) sur concours, la fac est ouverte sans condition aux porteurs du bac (niveau moin exigeant que notre sacrée sainte matu). Les échecs sont nombreux mais un étudiant motivé réussira à  surmonter les obstacles sans subir les pressions d’un groupe trop restreint de professeurs.

    Si notre région romande voulait bien s’ouvrir à  l’Europe, à  ses ambitions parfois modestes mais déterminées en terme de politiques culturelles comme nous serions heureux au bord du bleu Léman…. quelques pistes pour nos politiques : L’Observatoire des Politiques Culturelles à  Grenoble (un p’tit stage pour Mme V. Keller pour lui donner des idées sur la politique de la ville car je n’ai pas compris un traitre mot de son intervention), les formations de la Nacre à  Lyon pour les porteurs de projets (constitution de dossiers de subvention pour les compagnies par exemple en attendant que le bureau culturel nous offre autre chose que des séances d’initiation), les cursus de médiations pour les ferrus de démocratisation et j’en passe comme Relais Culture Europe etc. (à  chercher sur Internet). OUi aussi le master de Paris Sorbonne pour l’art et l’espace public ou les écoles d’architecture: ainsi à  Nantes qui travaille aussi sur ce sujet ou le FAR à  Marseille pour les arts de la rue, etc. etc. de quoi retrouver un idéal, je pense.

    Pour finir cette démonstration, si nous sortons chercher ailleurs des compétences et des savoirs qu’on nous refuse parfois au bord du Rhône et du Lac, nous parviendrons à  présenter des dossiers de qualité et la question de la nullité de nos productions, elle produira une discussion plus vivante que celle à  laquelle nous avons participé hier. Il semble qu’il règnait même dans la salle du côté public, un certain découragement: il suffit de penser à  nos caisses de pension…. suivant la côté où nous étions assis…
    oui parfois je suis nulle et je l’avoue car je suis fatiguée.
    Bonne semaine à  tous
    Brigitte

    Je n’ai pas bien compris où en était les masters de la Manufacture… depuis le temps, et la validation de l’expérience, tout un programme… perdus dans les mirages des colloques, des réunions de édiles, oui nous sommes pressés, oui pour les générations futures, il n’y a pas que le Rem Koolhaas pour nous enthousiasmer, parfois une vieille fac en France ou une roulotte à  Prague nous offrent plus de bonheur…. et si nous manquons d’argent, nous pouvons aller en chercher à  Bruxelles qui financent des projets par ses Interreg, mais les exigences de reporting et de niveau en gesion dépasseraient, je crois, même des diplômés en gestion culturelle de la formation continue de l’Unil (merci messieurs et masdames les députés de nous offrir des formations….) oui… Bruxelles au secours des Suisses, quel scoop. IL me semble que nous avons un projet avec Bonlieu à  Annecy, merci de le diffuser, merci pour la transparence et à  bientôt….