La convention pour le MAH relève du partenariat et non du mécénat

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Le 19 mai, lors de la plénière du Conseil municipal genevois, la convention signée en 2010 avec la Fondation Gandur pour l’art a fait l’objet d’en enthousiasme délirant de la part des PLR-PDC et de la franche hostilité d’Ensemble à gauche. La majorité des intervenants était même divisée sur l’objet de cette convention comprise par certains comme un simple don, et par d’autres comme un achat pur et simple de l’institution.
Retour aux sources avec les interventions des initiateurs de l’opération lors d’une conférence en 2010.

L’amendement déposé en dernière minute par le maire de Genève, Sami Kanaan, avec pour objet de renégocier la convention contestée ajoutait à la confusion. L’objet est finalement adopté lors de la séance du 20 mai après des débats houleux qui ont principalement porté sur la convention entre la Ville et la Fondation Gandur pour l’art, cette dernière ardemment défendue par le Parti libéral.

Une convention particulièrement contraignante et un référendum annoncé

Dans un article publié en novembre 2010, alors que l’opposition se développait tant à l’intérieur du musée qu’au dehors, je relevais “le musée semble avoir été bradé dans la volonté frénétique de conclure des partenariats public-privé qui sévit actuellement. La mutation annoncée du bâtiment centenaire, passablement vieillot et dont l’entretien a été trop longtemps délaissé, mobilisera, probablement durant plusieurs années, l’énergie de commissions et d’opposants autour de la pertinence du projet même de l’architecte, de la nécessité tout aussi urgente de construire un bâtiment pour abriter ailleurs les écoles d’art, de l’utilité d’investir dans la culture en période économique difficile, quel type de culture privilégier, et même des noms des partenaires qui figureront dans la nouvelle raison sociale de l’institution.”

A la décharge de M. Gandur, il faut rappeler qu’il n’était pas demandeur, ce sont les conservateurs du MAH (MM. Chappaz et Chamay) et le directeur du musée (M. Menz) qui l’ont sollicité au fil de nombreux contacts. Patrice Mugny,  magistrat alors en charge du Département des affaires culturelles (DAC), reçut l’initiative comme pain bénit dans l’euphorie que suscitait à cette époque le modèle de partenariat public-privé.

 

Présentation du projet par Patrice Mugny, alors conseiller administratif en charge du DAC :

 

Jean-Claude Gandur envisagea d’abord de créer un musée privé “du style de la Fondation Bodmer” avant de considérer l’option MAH :

 

Jean-Yves Marin, directeur du MAH voit le prêt d’oeuvres de l’Abstraction lyrique comme une possibilité de combler un vide dans les collections du MAH, car, précise l’homme de l’art, “le MAH a raté le XXe siècle.” M. Marin précise cependant que le projet culturel reste à travailler. (Qu’en est-il en 2015?) :

 

Renaud Gautier, Conseiller municipal, précise que la convention avec la Fondation Gandur relève du partenariat public-privé et non du mécénat, notant au passage que “Jean-Claude Gandur est boulimique dans ce qu’il fait” :

 

Jean-Claude Gandur défend sa collection d’Abstraction lyrique, estimant que sa valeur artistique est occultée par la puissance du marché américain qui soutient sa propre Abstraction lyrique :

 

Le déroulement du projet vu par Patrice Mugny qui estime un référendum inévitable et qu’il offrira l’occasion d’un réel débat public :

 

Toutes les donations comportent des contraintes indique Patrice Mugny, il oublie au passage que quelques minutes plus tôt Renaud Gautier soulignait le caractère de projet public-privé de la convention :

Note : Un des plus célèbres architectes genevois, qui préfère ne pas être nommé, m’affirme que “le Musée d’art et d’histoire n’a aucune valeur architecturale qui justifierait de le conserver, il pourrait être rasé”, d’autres sont d’un avis totalement opposé, des dizaines de débats ont eu lieu depuis plus de quinze ans, des rapports publiés, des centaines de pages écrites dans les médias, pour l’heure aucun avis ne s’impose.

Voir également : A quel point faut-il remercier un mécène ou un philanthrope ?

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Publié dans politique culturelle