Hermès célèbre le geste artisan

Dans ses vitrines de la rue du Rhône, Hermès présente des objets qui ne sont pas à vendre. Mis en scène par l’artiste Rodrigo Matheus et associés à des poèmes de l’auteure Lucrecia Zappi, ils associent l’attrait d’un large public pour des valeurs spirituelles, écologiques et patrimoniales.

A l’image d’un Jeff Koons qui s’empare des icônes de la peinture pour les réintroduire dans les images publicitaires – soit l’inverse d’Andy Warhol – Rodrigo Matheus se place dans la perspective historique du geste artisan, rappelant ainsi la tradition entretenue par le domaine du luxe.

Au-delà des objets, les poèmes associés troublent le regardeur et lui donnent à penser en développant le mystère tapi au cœur d’objets aussi simples que ce tabouret de sellier et le bois d’outils marqués par le temps.
L’exercice de valorisation culturelle et la préoccupation poétique d’Hermès reflètent la présence grandissante de l’art dans notre quotidien, offrant ainsi aux artistes contemporains l’opportunité de s’émanciper du réseau exigu de l’art.

Les bouleversements socio-politiques ont amené beaucoup d’artistes à investir d’autres territoires. Le schéma traditionnel voulait que l’art crée et que les arts appliqués auxquels on rattache la publicité suivent. Aujourd’hui, les deux domaines sont à égalité et nombre d’artistes mènent des carrières parallèles sur une scène décloisonnée. Les exemples de l’activité des artistes contemporains hors du champ des institutions sont maintenant innombrables. Le graffeur Kongo a déjà signé une collection des célèbres carrés de soie Hermès avant de récidiver avec l’horloger Richard Mille. Aussi, Ange Leccia, auteur de l’installation vidéo Mer, que l’on peut voir à l’entrée de la collection permanente du Musée d’ethnographie de Genève, a également signé la scénographie d’un concert du chanteur Christophe. Ainsi sur les traces de Magritte, AndyWarhol, Robert Filliou, Merce Cunnigham ou Bob Wilson, la génération actuelle d’artistes navigue sans complexes dans les domaines de l’art, la publicité et l’industrie culturelle.

Auteur d’une exposition sur le sujet au Centre Pompidou, Jean-Hubert Martin remarquait « Les artistes, derniers véhicules et garants des valeurs spirituelles ont investi le domaine, laissé vide dans notre société, de la méditation et du fonctionnement de l’esprit. »

“Le sens de l’objet”
Hermès
39, rue du Rhône, Genève.

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