Gustavia, un post-féminisme chargé d’humour

Scène

Parmi les plus fameux clichés, celui de la femme qui utilise l’arme des larmes est un des plus résistants. Ces larmes comme moyen de pallier à  une certaine impuissance peuvent transformer la frustration en avantage dans l’utilisation de la force de l’adversaire, selon la technique chère aux arts martiaux.

Mathilde Monnier et La Ribot l’ont choisi en première partie du Gustavia présenté à  la Comédie de Genève. Ainsi elles pleurent, et quand elles ont épuisé leur émotion il leur faut continuer de jouer. C’est alors que ces pleurs se transforment en clin d’oeil, et que les émotions transformées deviennent absurdes et ridicules. Des larmes-refuges en somme dont la répétition déclenche les rires des spectateurs touchés tant par ces torrents chargés d’humour que par la beauté de l’hystérie qui les entretient.
Les deux artistes manipulent un masque de femme d’expression triste, elles pleurent, elles se confrontent et déjouent l’image sociale du sacrifice à ” l’image de la femme victime/objet ” que la société attend d’elles. Ces images sont devenues une convention dans toutes les formes de drames de ” théâtre/TV/cinéma ” et ces larmes de femmes, ces pleurs, forgent les clichés répercutés par les médias. Gustavia nous rappelle comment notre société interprète l’image irrationnelle, délirante ou irraisonnable de la femme, avec son corps sexy et sa stupidité supposée, jusqu’à  la folie.
La chorégraphie de Gustavia alterne oralité et danse dans une suite de performances multiples dont les outils sont les larmes, de longues jambes sexy, la parole, pour interpréter une sémiologie corporelle sociale d’inspiration post-féministe. Gustavia est une véritable recherche ontologique sur la féminité. C’est certainement une des meilleures pièces de spectacle vivant de cette saison à  Genève.

Yi-hua Wu.

Gustavia
de et avec Mathilde Monnier & La Ribot. Création 2008.
Comédie de Genève, du 10 au 14 mars 2009, à  20h.

Bonlieu Scène nationale Annecy, mardi 17 mars 2009 à  20h30.

Note.
“Depuis 1994, Mathilde Monnier dirige le Centre chorégraphique national de Montpellier tout en menant de front ses propres créations. Son travail sonde principalement le rapport du groupe à  l’individu. La Ribot, souvent qualifiée de performeuse, conduit une réflexion interdisciplinaire sur la figure du spectateur et la réception d’une oeuvre. “

 

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