Genève présente Fred Boissonnas, son plus célèbre photographe

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Fred Boissonnas (1858 – 1946), Egypte. “Les porteuses de cruches”, 1929. BGE, Centre d’iconographie genevoise.

27 et 29 juin: le Centre d’iconographie genevoise présente le fonds Boissonnas.
En 2011, l’arrivée de Sami Kanaan, nouveau conseiller administratif, et amateur de photographie, a permis à Genève d’enrichir son patrimoine en se portant acquéreur du fonds d’atelier de la famille Boissonnas dont Fred (1858-1946) est le principal représentant.

Le magistrat met ainsi un heureux point final à vingt-cinq ans de tergiversations de la Ville de Genève. Nicolas Schätti, conservateur du Centre d’iconographie genevoise, relève que pendant ces longues années la cité a laissé partir des images de Grèce aujourd’hui déposées au Musée de la photographie de Thessalonique où son fonds a récemment été classé patrimoine inaliénable de l’État. Cependant, l’essentiel, soit 130’000 clichés, est désormais conservé par la Ville de Genève.

Frédéric Boissonnas est le plus célèbre des photographes genevois. Ses oeuvres ont fait le tour du monde et lui ont valu une reconnaissance internationale. Après avoir sillonné la Suisse, et particulièrement le Valais, pour photographier la vie dans les villages, il entama une nouvelle carrière à l’étranger où il mena une activité débordante. Dès son premier voyage en Grèce, en 1903, il a permis de re renouveler le regard porté sur ce pays en replaçant les vestiges antiques dans les paysages et en s’intéressant à la population. D’autres voyages le menèrent sur les traces de St-Augustin ou d’Ulysse. Au printemps de 1912 il entreprit avec Victor Bérard de refaire le périple d’Ulysse dont il s’était efforcé de d’identifier toutes les étapes. Trois mille ans plus tard, il a ainsi pu retrouver intacts les sites et les paysages qui rendaient tout leur sens aux descriptions du poète. Des périples qui ont permis aux Boissonnas de créer très tôt une immense banque d’images pour illustrer guides touristiques, récits de voyage et ouvrages de luxe qui constituaient une autre activité de la maison.

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Atelier Boissonnas. « La halle d’usinage des machines tournantes des Ateliers de Sécheron à Genève », épreuve au charbon d’une prise de vue antérieure à 1918, vers 1920-1930. BGE, Centre d’iconographie genevoise.

Malgré la valeur extrême de la culture marchande dans notre société, l’apport de Fred Boissonnas est moins mis en valeur, l’importance de ses recherches est rapportée dans l’ouvrage Usages du monde et de la photographie, publié à l’occasion dans la collection “Patrimoine genevois”. Estelle Sohier, historienne à l’Université
de Genève, souligne que le « rôle pionnier de Boissonas dans l’utilisation de la photographie à des fins publicitaires pour des entreprises comme Nestlé, et Suchard, est peu connu. Si l’entreprise Suchard a eu recours à des photographes dès les années 1860 pour documenter et mettre en valeur ses lieux de production, symboles de modernité, Boissonnas fut l’un des premiers à utiliser la photographie pour valoriser des produits et inciter à les consommer. Boisssonnas a sans doute trouvé dans la collaboration avec ce type d’industrie agroalimentaire un terrains d’expérimentation autour de la forme, du langage et de l’usage de l’image. La rencontre était peut-être aussi idéologique : la maison Suchard a elle aussi exploité les ressources des « théâtres » qu’étaient les expositions nationales et internationales où elle a gagné de nombreux prix. »

La propagande politique constitua un autre champ de recherche de Fred Boissonnas « prenant sans doute acte du nouveau rôle joué par l’image dans les relations internationales, il proposa dès 1918 au gouvernement grec de concevoir et d’exécuter une propagande par l’image en bonne et due forme ».  Une façon subtile d’échapper à la routine de l’atelier.

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Atelier Boissonnas « Automobiles (gare de la Praille ?) », v. 1950. BGE, Centre d’iconographie genevoise.

Portes ouvertes jeudi 27 et samedi 29 juin

Le Centre d’iconographie genevoise saisit l’occasion de la sortie de l’ouvrage Fred Boissonnas. Usages du monde et de la photographie, publié dans la collection “Patrimoine genevois”, pour présenter dans le cadre des 50 jours pour la photographie à Genève un “coup d’oeil” sur ce fonds.

Programme

Jeudi 27 juin 2013 : 17h – 19h Visites commentées conduites par Nicolas Crispini, photographe et historien de la photographie, et Estelle Sohier, historienne, Université de Genève.

Samedi 29 juin 2013 : 13h30 – 17h30 Visites commentées, conduites par Nicolas Crispini et Estelle Sohier

Boissonnas en ligne !

A l’occasion de la manifestation, le Centre d’iconographie genevoise met en ligne plus de 1000 photographies du fonds Boissonnas et l’intégralité des quinze albums constitué par Fred Boissonnas pour documenter ses activités, son œuvre et sa vie familiale. Couvrant le tournant des XIXe et XXe siècles, cet exceptionnel journal photographique constitue la meilleure introduction à son œuvre.

Informations supplémentaires sur le site de la Ville de Genève.
Les images de Grèce, conservées au Musée de la photographie de Thessalonique, sont accessibles depuis le site de cette institution.

 

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