Le Galpon axe ses efforts sur les thèmes de la migration et de la collaboration avec la création italienne

galpon201415-605
Fête de saison, 22 août 2014. ©Yi-hua Wu.

Champêtre et convivial, depuis qu’il a migré au bord de l’Arve le Théâtre du Galpon jouit du cadre le plus séduisant de Genève pour un lieu de spectacle. Le programme à l’affiche de la nouvelle saison s’ouvre sur un accueil de la Bâtie et contient pas moins de sept créations qui mêlent danse, théâtre, musique et installations et plusieurs rencontres en partenariat avec des institutions culturelles régionales.

La clé d’une programmation éclectique tient-elle à la collaboration entre un chorégraphe et un metteur en scène ? C’est au moins ce que suggèrent ses deux auteurs, Nathalie Tacchella et Gabriel Alvarez, qui y ajoutent l’importance des passerelles lancées à destination de la vaste communauté peu familiarisée avec les arts de la scène, les communautés étrangères, mais aussi une partie des écoliers. Le succès de deux temps forts des saisons précédentes : Migrations et Carrefours transalpins, conforte ainsi la ligne choisie.

Gabriel Alvarez se voit encouragé par les rapports entretenus à l’occasion de la collaboration avec la communauté italienne romande et certaines institutions de la péninsule «  Lors de Carrefours j’ai présenté Macbeth à Turin, nous avons accueilli le Teatro Stabile et son Quarttet de Heiner Muller. Cette année Nathalie Tacchella présentera sa pièce Forces près de Parme. « Nous avons ainsi consolidé des liens avec les associations d’Italiens à Genève et un type de public qui ne fréquentait pas nécessairement les théâtres, ceci dans le cadre de la médiation avec l’association Culture Italia. Ce sont des contacts à développer, très peu d’artistes italiens sont invités à Genève, sans parler de l’absence de pièces jouées en italien, en fait, chaque pièce développe un nouveau public. »

La migration s’affirme comme sujet de préoccupation largement partagé

Sans se consulter avec les artistes qui ont présenté des projets, Gabriel Alvarez remarque que la préoccupation de la migration leur est commune, le Galpon qui a lui-même migré depuis le site d’Artamis se prête particulièrement à ce type de questionnement dont une des réalités est matérialisée à quelques mètres par les sans-abri qui trouvent refuge dans la forêt proche ou au bord de l’Arve.

contrattogalpon-200
Con t(r)atto, un projet de Stefano Beghi et Maika Bruni – cie Autonyme | photographe Alberto Campi | géographe Cristina Del Baggio

Le thème de la frontière fera l’objet d’une exposition du 17 au 21 septembre avec Con t(r)atto qui est un projet pluridisciplinaire né des recherches menées par Cristina Del Biaggio (géographe) et du reportage “Beyond Evros Wall”, qu’Alberto Campi (photographe) a réalisé en parallèle. Pendant deux mois en 2012, Cristina et Alberto ont partagé les parcours des migrants, en les accompagnant d’Istanbul à Patras, à travers la région de l’Evros, la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie, en passant par la ville d’Athènes. De retour en Suisse, Cristina et Alberto ont décidé de collaborer avec Maika Bruni et Stefano Beghi, comédiens et metteurs en scène, afin de créer une exposition photographique vivante capable d’immerger le spectateur dans l’expérience de la frontière. En partant de la Grèce, con t(r)atto, à travers les acteurs et les images, amène le public à expérimenter dans son intime l’expérience universelle et quotidienne de la frontière.

Avec Oedipus, le voyageur Œdipe nous interroge sur les thèmes de l’émigration, la diversité, l’identité personnel, nationale et culturelle dans une création performative de la compagnie ToutFaitMain qui explore les liens entre théâtre, poésie et projection digitale. La réflexion, présentée du 10 au 14 septembre, examine les liens entre les cultures occidentales et arabes et leurs inconciliables différences. Quelles sont les tensions sociales qui génèrent l’incompréhension ? Et quelles racines, quelles macérations communes ont les cultures arabes et occidentales ?

Les jeunes viennent aussi aux arts de la scène par le biais des métiers

Le travail pédagogique est la spécialité de Nathalie Tacchella « le travail avec les écoles est un travail citoyen qui est l’occasion d’offrir une alternative à la culture dominante. Les jeunes participent à des ateliers avant ou après le spectacle à divers titres selon le thème de la pièce, l’an passé des professeurs d’arts plastiques ont amené leurs élèves, cette année une enseignante de géographie accompagnera sa classe. En fait, il y a de nombreuses possibilités de faire appel aux jeunes, ce peut être également par le biais de la découverte de professions, au théâtre, outre les comédiens, il y a des électriciens, des spécialistes du son etc.

La collaboration avec la Haute école de musique a largement concerné des jeunes, c’est la marque de fabrique du Galpon que de s’adresser à une grande variété de publics et cette année nous allons poursuivre la collaboration avec la Haute école et organiser un atelier sur la tragédie grecque.  »


Mack is coming back, en 2012, un succès de Gariel Alvarez avec le compositeur Bruno de Franceschi.

Les échanges avec l’Italie ont donné lieu à des collaborations durables telle celle de Gabriel Alvarez avec le compositeur Bruno de Franceschi, souvenons-nous de Mack is coming back, en 2012, Un peu dedans, un peu plus bas d’après Samuel Beckett, au printemps 2014, ou M… l’hypocondriaque d’après Molière en 201o.
Les deux seront de retour en novembre prochain avec Joséphine cantatrice du peuple des souris, probablement le dernier récits de Franz Kafka, un spectacle qui peut être lu comme un autoportrait comique d’une petite Star capricieuse attirée par tout ça qui brille interprété par Clara Brancorsini. «L’auteur praguois a écrit Joséphine quelques mois avant de mourir le 3 juin 1924 au sanatorium de Kierling, près de Vienne. Nous pouvons présenter Joséphine, comme un personnage, qui appartient au formidable bestiaire propre à l’œuvre de Kafka. Joséphine se présenta à nous, croyant être la dompteuse de cette prolifération d’animaux, qui pensent, parlent, chantent, souffrent, sourient et s’imposent à nous, car ils nous ressemblent tellement. Le récit de Kafka est le point de départ à la construction d’une parodie sur la « gloire » de l’artiste, une métaphore sur une Diva au bout du souffle !»

venere-galpon
“Venere e Adone”. Accueil Carrefours Transalpins, temps fort du Galpon, les 4 et 5 octobre 2014

Juste avant cette le Galpon restera en Italie avec l’accueil du Teatro di Dioniso, de la Fondation Teatro Stabile de Turin, avec “un petit poème érotique mythologique, Hymne à la chair et avertissement contre la luxure où le metteur en scène Valter Malosti a imaginé Vénus comme une déesse/machine, « deus ex machina » mais aussi sex machine, machinerie baroque qui broie des sons et qui crache des mots».

Le Galpon n’est pas un garage

Nathalie Tacchella et Gabriel Alvarez ont développé, chacun dans son domaine, une expérience qui permet de définir l’orientation artistique et culturelle du Galpon. « Maison pour le travail des arts de la scène conçue, développée et gérée par ses compagnies permanents composées d’artistes créateurs et acteurs culturels professionnels dans les domaines de la danse, du théâtre et de la formation artistique. Nous n’avons pas de budget de production, ce qui n’en fait pas un garage tient à préciser Gabriel Alvarez, nous n’avons d’ailleurs pas demandé de budget pour le faire. Nous établissons une programmation selon nos choix qui s’expriment lors de ces deux temps forts de Carrefours, en décembre, et Migration, nous ne privilégions pas particulièrement les émergents et gardons un équilibre entre les les jeunes compagnies et les plus confirmées.»

Voir la programmation compète sur le site du Théâtre du Galpon.

Tagués avec : ,
Publié dans scènes