En Suisse, le nombre d’articles ou de reportages journalistiques réalisés par des professionnels stagne.

Photo Yi-hua Wu.

L’étude publiée fin juin par l’Office fédéral de la statistique donne un aperçu de l’évolution de la structure de la presse écrite ainsi que des habitudes de lecture de la population, L’introduction en 2000 des journaux gratuits contenant un véritable volet rédactionnel est sans doute l’innovation qui a le plus bouleversé le paysage de la presse suisse. Les tirages de la presse gratuite ont progressé non seulement pour les quotidiens, mais également pour les hebdomadaires. Si l’on fait abstraction des quotidiens gratuits, la presse hebdomadaire semble mieux résister aux difficultés que connaissent les journaux payants, et plus particulièrement les quotidiens d’actualité.

Le début de ce siècle a été marqué par l’arrivée de quotidiens gratuits contenant un véritable volet rédactionnel et destinés à  un lectorat suprarégional. Ils ont représenté à  eux seuls en 2006 le quart du volume total de la presse d’actualité en Suisse. En 2006, les quotidiens gratuits étaient lus par près de 30% des personnes de 14 ans et plus, ils rencontrent le plus de succès dans les groupes de population que les journaux payants peinent à  intéresser, une population qui a pour caractéristiques d’être plutôt jeune et de présenter un niveau de formation inférieur à  la moyenne. Les quotidiens gratuits contribueraient donc à  élargir le lectorat de la presse d’actualité.
Les quotidiens gratuits rencontrent le plus de succès chez les 15 à  29 ans. Ce groupe d’âges est par ailleurs le moins représenté parmi les lecteurs des quotidiens payants. Au début de l’essor des quotidiens gratuits, en 2001, cette catégorie de journaux était lue par 17% des 15 à  29 ans. En 2006, cette part avait augmenté à  43% de ce groupe d’âges. Si les grands quotidiens payants connaissent une pénétration nette supérieure auprès de ce public, celle-ci a néanmoins reculé de 60 à  56% pendant la période considérée.

Bien que les tirages des journaux gratuits n’aient pas la même signification que les tirages des organes de presse proposés contre paiement, une comparaison entre ceux-ci met en lumière des tendances :
– Le nombre des journaux payants paraissant en Suisse a reculé de manière relativement régulière depuis la fin des années 1930, tombant de 400 titres à  l’époque à  205 titres en 2006, soit une baisse de près de moitié. La presse gratuite gagne du terrain, au niveau des tirages surtout. Cela montre combien la publicité, qui constitue la principale source de financement de la presse gratuite, a gagné en influence.
– Les tirages augmentés de la presse quotidienne et les nouveaux journaux gratuits suprarégionaux permettent à  la presse gratuite de proposer elle aussi une vaste offre journalistique.

Quel est le niveau de formation des consommateurs ?
Les grands quotidiens payants sont davantage lus par les groupes de population qui ont un niveau de formation élevé que par les personnes peu formées. A l’inverse, les journaux gratuits sont lus dans les mêmes proportions par tous les groupes de population, quel que soit leur niveau de formation.
Tandis que les quotidiens d’actualité gratuits ont nettement augmenté leur pénétration au cours des cinq dernières années, les grands quotidiens payants ont vu leur lectorat s’éroder quelque peu. Ces évolutions s’observent quel que soit le niveau de formation considéré.
On relève ainsi le même effet pour les groupes de population considérés selon leur niveau de formation que pour les groupes d’âges: les quotidiens gratuits bénéficiant d’une riche palette rédactionelle sont particulièrement populaires dans les groupes où les journaux payants traditionnels, à  savoir essentiellement les grands quotidiens payants dans le cas présent, sont les moins lus. Ils contribuent donc à  élargir le nombre total de lecteurs de la presse d’actualité.

Le paysage journalistique évolue au détriment de la proximité.
A l’exception de quelques grandes agglomérations, il n’existe plus guère d’espaces où plusieurs quotidiens locaux pratiquant un journalisme de proximité se trouvent en concurrence directe. De nos jours, la plupart des quotidiens veulent à  la fois diffuser les informations nationales et internationales et relayer dans toute leur diversité les informations relatives à  l’actualité et aux manifestations de la région. Un modèle de journal payant qui n’a cessé de gagner du terrain ces vingt dernières années est celui de journal dominical suprarégional, publié sous la forme d’une septième édition.

En 2006, la Suisse comptait 405 titres de presse dans le segment des quotidiens et des hebdomadaires, soit 11 de moins qu’en 2000. Ces titres ont réalisé cette année-là  un tirage total de 18,2 millions d’exemplaires, ce qui correspond à  un tirage quotidien moyen de 5 millions d’exemplaires. Chaque ménage de Suisse a donc reçu chaque jour 1,5 exemplaire d’une revue d’actualité (journal ou magazine). En d’autres termes, 6 personnes résidant en Suisse sur 10 reçoivent chaque jour un exemplaire de la presse quotidienne ou hebdomadaire.

L’évolution de la presse à  elle seule ne permet pas de dire quelles pourraient être les conséquences d’une diminution de la diversité de la presse pour la pluralité des opinions et, à  partir de là , pour l’évolution de notre société. Il faudrait pour cela analyser de manière plus approfondie l’impact des médias électroniques. Une chose est sûre cependant: le nombre d’articles ou de reportages journalistiques réalisés par des professionnels stagne depuis plusieurs années, et ce quel que soit le média considéré.

La diversité de la presse en Suisse. Un aperçu
Office fédéral de la statistique (OFS). Neuchâtel, 2007.

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