Des entreprises à  but social licencient pour Noà«l

Après l’annonce de nouveaux licenciements, le 18 décembre, par les employés de l’Association Radio Cité, c’est au tour des employées de la Fondation au Coeur des Grottes de dénoncer, le 23 décembre, les conditions de leur renvoi. Au Coeur des Grottes est une association qui héberge dans deux maisons des femmes, avec des enfants en situation difficile (victimes de violences conjugales et d’autres drames). A tour de rôle, sept veilleuses à  temps partiel gèrent, seules, une trentaine de pensionnaires de 17h à  9h du matin pour un gain peu approprié* en regard des responsabilités.
Fortes de leur expérience, certaines y officient depuis plusieurs années, ces sept veilleuses, pour la plupart étudiantes, ont fait part à  la direction de remarques concernant des dysfonctionnements et des problèmes de sécurité qu’elles auraient remarqués, ainsi que des propositions pour y remédier. Selon leur syndicat, tant la direction que le Conseil de Fondation ont refusé le dialogue et invoqué la “rupture de la relation de confiance” pour suspendre, tout en leur conservant leur salaire, les sept employés qui accordaient de l’importance à  la mission qu’elles devaient remplir. L’affaire a semblé suffisamment importante au syndicat et à  l’OCIRT qui en suivent de près le déroulement et le syndicat des services publics, le SSP, remarque que si le droit à  la libre expression est dans l’exercice du droit fondamental, son exercice dans l’association au Coeur des Grottes conduit au licenciement.
Face à  l’ampleur de la contestation, le Conseil de fondation a chargé, au mois de mai 2008, un consultant en formation en entreprise d’auditionner le personnel. Son rapport, cité par le SSP, fait état de l’absence de formation tant des employées que des membres de la direction. La remarque va dans le sens des déclarations du personnel qui regrette une direction amateur et matriarcale à  l’esprit proche des ligues de vertu. Plusieurs de ces maisons d’accueil fonctionneraient à  la bonne franquette, sans convention collective ni surveillance de la Ville et de l’Etat, ses bailleurs de fonds. Le souhait de ces étudiantes est que leur mésaventure suscite une prise de conscience de l’Etat et qu’il exerce le contrôle nécessaire des foyers qui travaillent avec des populations fragiles.

Les veilleuses étudiantes ont par ailleurs déploré la volonté de l’organisation de créer un rapport client-fournisseur. Le principe appliqué dans le domaine social n’a d’autre but que la déstructuration des solidarités. Gérer ses relations clients ou ses relations fournisseurs commence sans doute par gérer la communication interne et le management de l’entreprise, un point que le consultant en formation en entreprise n’a pas manqué de souligner.

Jacques Magnol

 

L’Association au Coeur des Grottes réplique sur son site par un communiqué qui minimise l’importance de la fonction de veilleuse.

 

* Une veilleuse est responsable d’une trentaine de pensionnaires, de 17h à  9h du matin du jour suivant, pour un salaire de 150 francs et une indemnité de 25 francs pour les dix heures de nuit. Le poste implique une fonction d’écoute des personnes en détresse qui sont hébergées, fonction qui nécessite une formation dont les veilleuses sont dépourvues.

Publié dans société