Christine Hirsig relève le défi de vendre le théâtre romand à  l’étranger

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“Le jeu de l’amour et du hasard”. Une mise en scène Jean Liermier, création du Théâtre de Carouge qui tourne régulièrement en France. photo : Marc Vanappelghem.

Soucieux de faire rayonner le Théâtre de Carouge au-delà  du canton de Genève, Jean Liermier, directeur du Théâtre de Carouge, a créé, en 2008, un poste de “chargé de diffusion” pour promouvoir les créations de l’institution carougeoise en Suisse et à  l’étranger. Christine Hirsig a relevé le défi, désormais les pièces voyagent, c’est à  cela que l’on estime la créativité et la crédibilité d’un théâtre. Entretien.

Entretien avec Christine Hirsig.

Comment persuader les Suisses alémaniques de voir une pièce en français? Comment convaincre les directeurs français de reconnaître les particularités du théâtre romand et d’acheter les productions du Théâtre de Carouge? Vendre à  l’étranger des créations qui souffrent au départ de coûts de production bien supérieurs à  ceux des pays voisins est une gageure. Si l’on intègre également les effets du protectionnisme propre à  chaque pays, des comédiens qui ne sont pas toujours disposés à  voyager, de la politique de certains théâtres romands qui, forts de leurs subventions, bradent leurs créations, l’ampleur de ce défi prend une toute autre dimension.

Faire rayonner un théâtre, c’est connaître autant les acteurs de la création que ceux de l’économie, chacun ayant ses logiques propres et ses besoins respectifs.  D’une part il faut convaincre de la qualité théâtrale d’une production, de l’autre parler modèles économiques, marché, concurrence, risques et profits.

Rares sont les personnalités capables d’évoluer simultanément dans les mondes de la culture et de l’économie, où les egos sont souvent surdimensionnés. Christine Hirsig réussit à  convaincre et séduire ces mondes antagoniques et Jean Liermier assure que son théâtre est gagnant. La renommée de l’institution carougeoise à  l’étranger participe également de l’attractivité culturelle de la région.
Lors de cet entretien, Christine Hirsig nous parle de son parcours, de la vision qu’ont les institutions étrangères de la production théâtrale helvétique, et aussi de son départ pour un théâtre de l’Ouest de la France.

Jacques Magnol

Extrait du rapport d’activité du Théâtre de Carouge: «Â L’activité accrue de la saison 2009-2010 permit de mettre en oeuvre concrètement la diffusion des spectacles en France, comme en Suisse. 6 créations s’exportèrent pour 175 représentations hors les murs dans 37 villes, parfois plusieurs spectacles dans le même lieu au cours de la saison. En Suisse, une cartographie claire des lieux potentiels d’accueils de productions a permis de collaborer, en plus du Théâtre Benno Besson, du Théâtre de Vevey et de Nuithonie, le TPR, le Crochetan, la salle CO2 et Kléber-Méleau. En France, les représentations simultanées du JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD au TGP de St-Denis et de CANDIDE au Nouveau Théâtre de Montreuil pendant 4 semaines ont assuré une pénétration de la couronne parisienne efficace, ce qui augmente la visibilité et la crédibilité du label Théâtre de Carouge-Atelier de Genève, tout en facilitant géographiquement l’accès au spectacle pour les programmateurs français. D’autres spectacles ont considérablement tourné via le pôle diffusion du Théâtre de Carouge : CANDIDE de Yves Laplace, d’après Voltaire, mise en scène Hervé Loichemol, LES SPECTACTEURS, collectif d’acteurs et d’auteurs mis en jeu par Philippe Morand. En 2011, LE JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD tournera dans plusieurs villes de France (Narbonne, Toulouse, Paris, etc.). Toucher parallèlement les scènes nationales et les petites villes de province valorise la flexibilité et la force de frappe tous azimuts de Carouge. »

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