Arles : Au coeur d’une image

vue

« Blow up » de Joan Fontcuberta

La 40e édition des Rencontres de la photographie en Arles, qui se déroule jusqu’au 13 septembre, est placée sous le signe de « 40 ans de Rencontres, 40 ans de ruptures ». Elle offre aux visiteurs plus de 60 expositions dont une installation en forme de réflexion sur la nature des images. Elle est signée du Catalan Joan Fontcuberta.

Entretien avec Joan Fontcuberta, artiste catalan

« Blow up » revisité

Parti d’un photogramme agrandi du film culte des sixties d’Antonioni, « Blow up », Joan Fontcuberta déploie une démarche se situant entre l’installation plasticienne et le labo photo. Elle interroge à  la fois le matériau filmique et l’image. Le travail de l’artiste catalan est traversé d’une quête de l’identité photographique. Comment parvient-on à  reconnaître le réél dans une image photo ? Pourquoi concède-t-on cette confiance en l’image photo vue comme une transcription littérale de la réalité. Icône de notre culture télévisuelle à  l’instar de la Joconde, le film raconte les péripéties d’un photographe qui, fortuitement, a fait quelques instantanés dans un parc. Agrandissant les négatifs, il voit que la caméra a capté un élément que l’à“il seul ne pouvait saisir, un pistolet. On donne une valeur d’intensification du regard à  un dispositif photo. Que se passe-t-il si l’on continue ce geste d’agrandir l’image ? Loin d’aboutir à  l’hyperréalisme, on échoue à  l’abstraction, à  l’ambiguïté.

Déjà  au cinéma, « Blow-up » baigne dans une forme de non sens plongeant le spectateur dans une torpeur. Pénétrant au cà“ur de l’image, descendant au niveau du « bruit » de celle-ci, Fontcuberta réinjecte de l’étrangeté à  l’opus d’Antonioni en les montrant comme des épreuves sortant d’un bain révélateur. Le protagoniste principal du film est bien l’illusion. Ainsi la célèbre séquence finale qui voit deux personnages disputer un match de tennis sans balles. Le photographe embarque finalement dans ce jeu de fantasmagorie et de simulacres. Antonioni fait une apologie de cette dimension poétique de reconstruction du monde par le regard. Explorant une dimension sculpturale, Fontcuberta a tenté de reproduire un système de séchage de tirages géants dans un studio photographique analogique.

Bertrand Tappolet

Exposition « Blow up » de Joan Fontcuberta,
jusqu’au 13 septembre 2009
Catalogue des Rencontres publié aux éditions Actes Sud
Rencontres de la photographie, Arles

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