Andrei Konchalovski constate l’échec du concept d’eurocentrisme

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The Postman’s White Nights. Andrei Konchalovski.

Andrei Konchalovski qui a récolté un Lion d’argent pour The Postman’s White Nights lors de la Mostra de Venise a déclaré à La Repubblica qu’il retournait travailler en Russie « où la liberté créatrice est plus grande. J’ai appris le métier en Amérique, mais aujourd’hui on n’y fait que du cinéma pour le marché des enfants. »
Konchalovski qui a tourné il y a deux ans un documentaire sur le rapprochement de l’Ukraine avec l’Europe estime qu’il est « difficile pour tout le monde de prévoir l’avenir. Dans les années 20 personne n’avait prévu les dictatures de Mussolini et de Staline. C’est encore plus difficile pour les Européens qui soutiennent l’Ukraine, mais ont besoin du pétrole russe, mais surtout ils fondent leurs choix sur une erreur de fond car le concept de l’eurocentrisme est un échec.
Dans l’esprit des Européens la démocratie est encore le seul système possible, en réalité ils ne veulent pas voir ce que cette démocratie a apporté en Afrique du Sud, en Irak, en Syrie, ils ne se rendent pas compte que certaines élections dans les pays pauvres conduisent à la dictature. La démocratie ne s’exporte pas en imposant de soi-disant élections libres. »
Quelle serait la solution ? Andrei Konchalovski répond au quotidien romain « Je suis considéré comme un réactionnaire, mais j’estime qu’il faut arrêter de considérer l’eurocentrisme comme une valeur universelle. Le futur proche sera marqué par la guerre pour l’eau entre l’Inde et la Chine, les luttes pour les droits civiques si chers à l’Europe passeront au second plan.
Pour l’Ukraine, il faudrait comprendre les raisons qui ont conduit à la situation actuelle, et il ne me semble pas que l’Europe les ait exposées. »

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Andrei Konchalovski en 2010. Wikipedia.

The Postman’s White Nights 

Synopsis : Le film raconte l’histoire des habitants d’un village russe isolé dont un facteur représente le seul élément de contact avec l’extérieur. Les villageois ne peuvent rejoindre le continent qu’en empruntant le bateau pour traverser le lac. Bien qu’un centre spatial doté des technologies les plus avancées se trouve à proximité, les habitants vivent ici comme l’ont fait leurs ancêtres depuis des siècles. Ils ne produisent que ce qui est essentiel pour leur survie. Une femme du village est amoureuse du postier et elle décide de fuir le village pour s’installer en ville. C’est alors qu’un voleur dérobe le bateau du postier qui ne peut alors plus délivrer le courrier, et sa vie ainsi que celle des villageois s’en trouvent bouleversées. Après un combat intérieur, il décide de partir aussi pour la ville avant de revenir sans savoir pourquoi. Peut-être parce que les pantoufles qu’il avait oubliées à la maison lui manquaient.
Dans ce film, les villageois ont joué leur propre rôle, aucun des acteurs n’est professionnel.

Andrei Konchalovski : “Ces dernières années je me suis dit que le cinéma moderne tentait d’éviter au public d’avoir à s’engager dans la contemplation. En même temps j’étais tourmenté par l’incertitude de savoir si je saisissais vraiment l’essence du cinéma. The Postman’s White Nights  est une tentative de découvrir les nouvelles possibilités qu’offrent les images en mouvement accompagnées du son. C’est une tentative de voir le monde qui nous entoure avec les yeux d’un “nouveau-né”. Une tentative d’étudier la vie de sang-froid. La contemplation est un état dans lequel un individu est très conscient de son unité avec l’univers. peut-être que ce film est une tentative d’aiguiser mes capacités d’écoute et de tenter d’écouter le discret murmure de l’univers.” Traduction J.M.

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