Le lynx en Suisse: beaucoup de fantasmes, peu de faits

lynx

Photo et ©: Hartmut Schäfer. WILDTIER SCHWEIZ.

Sa vie de solitaire en forêts profondes et son statut de plus grand félidé d’Europe, tueur de chevreuils et de chamois, en fait une sorte de mini-léopard qui arrive à  la hauteur des genoux. Ce gros chat ne viendra jamais y ronronner. Mystérieux et quasi invisible, carnassier nocturne, il nourrit rumeurs et fantasmes. Il y a 250 lynx en Suisse, ce que certains désapprouvent …

En Europe occidentale et méridionale, au début du XXe siècle le lynx (Lynx lynx) avait disparu suite à  la déforestation et à  la raréfaction de ses proies au XIXe siècle déjà .   En Suisse, il avait été exterminé sur le Plateau dès le XVIIe siècle,   seules quelques populations résiduelles survivant dans le Jura et les Alpes occidentales jusqu’au XXe siècle. Ce n’est qu’à  partir de 1950 que furent édictées dans les pays européens les premières règles de protection; il fallut attendre 1962 pour que la Suisse   en fasse une espèce protégée, et commence plus tard une campagne de ré-introductions dans le Jura et les Alpes occidentales de lynx capturés en général dans les Balkans.   On compte aujourd’hui environ 150 individus dans les Alpes,   et   grosso modo 100 dans le Jura tant suisse que français.

Encore un concept fédéral

Au Palais Fédéral, on adore conceptualiser la politique. Concepts   ”Rail 2000”,   ”Armée 2000”,   ”Via Sicura”,   ”Ours Brun”,   etc …   Voici le concept   lynx, baptisé   LUNO , qui pilote depuis 2001 la réintroduction en Suisse de ce chat particulièrement sauvage, et vise aussi à  le réinstaller dans 5 cantons du Nord-Est : Appenzell (AI,AR), Saint-Gall, Thurgovie et Zürich . Les premiers l chers officiels remontent en fait au début des années ’70 – tout comme quelques l chers clandestins d’ailleurs.

Le projet LUNO est financé par le porte-monnaie fédéral.   Il a coûté   1,65 millions de 2001 à  2003, période de lancement, premières évaluations, mise en place de colliers émetteurs, études d’impact; puis 570’000 .-   de 2004 à  2006, quand les réintroductions continuent alors que le réseau de surveillance est en place;   enfin, 250’000 .-   de   2007   à  2009, en vitesse de croisière.

Le concept LUNO a été élaboré en concertation avec les milieux concernés : écologistes, naturalistes, éleveurs, chasseurs, représentants des gouvernements cantonaux.   Objection des éleveurs : votre fauve, là , va nous causer de graves pertes supplémentaires. Faux : dans le Nord-Ouest des Alpes, le lynx de 1997 à  1999 n’a été coupable que de 0,3%   des morts dans le cheptel; le reste est imputable aux chutes de pierres, aux maladies, à  la foudre et aux chiens errants. Le lynx méprise le mouton, préférant les proies sauvages.

Les chasseurs ont dénoncé la concurrence du lynx.   Il n’y a aucu ne concurrence, et les chiffres sont éloquents.   Les statistiques fédérales indiquent qu’en   2008, sur l’ensemble de la Suisse les chasseurs ont abattu plus de 40’000 chevreuils,   14’000 chamois et 1500 bouquetins des Alpes – total   55’500 des proies favorites du lynx. Qui, de son côté, en a tué au maximum 15’000   ( calcul :   un lynx tue chaque année près de 60 chevreuils ou chamois, multiplié par 250 lynx en Suisse =   15’000 ).   Le trafic routier et ferroviaire tue plus de chevreuils et chamois que le lynx …   Notons enfin que le recensement de 2009 a compté en Suisse plus de   120’000   chevreuils et au moins 95’000  chamois. Un cheptel certainement menacé par les chasseurs, mais pas par le lynx.

La conquête du Nord-Est

Le projet LUNO prévoit aussi de diversifier la re-population des lynx en l’étendant à  cinq cantons du Nord-Est de la Suisse.   Ce volet de l’opération a suscité une nouvelle opposition, politique celle-là  et signée   UDC.  En 2002, ce parti lance une pétition contre la conquête du Nord-Est par le lynx. Motifs : g chis de deniers publics,   le lynx est nuisible à  l’agriculture (?)   et aux forêts car il panique le gibier qui, alors, commettrait d’importants dég ts. Pétition sans suite …
Re-belote   au Conseil des Etats le 14 septembre 2009, avec l’interpellation no. 09.3503 du Conseiller aux Etats Maximilian Reimann ( UDC, Argovie).   Un fatras d’ignorance du sujet, de fantasmes,   de rumeurs et de désinformation. Il faut bien plaire aux chasseurs, aux éleveurs, et au petit peuple crédule. La réponse du Conseil Fédéral à  M. Reimann est sèche :   non, les lynx rel chés ne sont pas génétiquement dégénérés, nul besoin de les nourrir tous les jours ni de leur donner des soins vétérinaires; non, il n’y a pas d’hélicoptères privés engagés pour le repérages des lynx, juste des avions légers au maximum 3 fois par an, qui coûtent 500.- par vol, les pilotes sont bénévoles; oui, le cheptel   du Nord-Est de la Suisse a été atteint :   une chèvre en 2002, et une autre en 2007, c’est tout; non, dans le Jura le lynx n’a rien à  voir avec la disparition du Grand Tétra et du Tétra-Lyre : il ne font pas du tout partie de son régime.   Cette clownesque interpellation fut ainsi liquidée.

Un modeste fan’s club

Autant l’ours et le cerf font partie de l’imagerie traditionnelle ( comptez les auberges, hôtels et autres commerces qui en font enseigne ), autant le lynx garde le mystère des forêts profondes où il règne. Il est quasi-absent des traditions populaires, à  la fois craint et méconnu.
Pour les amateurs toutefois, relevons :   le Lynx Poker Club à  Charrat ( VS),   les Lynx équipe de hockey sur glace de juniors et minis romands catégorie ”pee-wee ” , les vols à  prix cassés de la compagnie Lynx Air International,   la compagnie suisse Lynx Visual Theatre qui sur scène propose humour, beauté et intelligence ( la presse unanime ) , le bar Au Lynx à  Leysin (VD), et enfin le Rugby-Club Esch. Lynx qui joue en Suisse en 1ère Ligue Est.
Le lynx va bien, merci . Il ne souhaite qu’une chose : qu’on lui fiche la paix.

Un grand chat qui aime jouer

C’est un chat. Le plus grand félin d’Europe, mais on est loin de ses cousins le léopard ou le tigre. Notre lynx à nous pèse en général  dans les 20 kilos, pour une hauteur au garrot d’environ 55 cm. Facile à  identifier, avec ses mouchets de poils dressés à la pointe des oreilles, ses rouflaquettes, ses larges pattes et sa petite queue. Son pelage est brun-roux tacheté de sombre façon léopard, ou gris-beige aux taches discrètes.  Son ouïe est très fine,   son acuité visuelle remarquable  (dans la pénombre, six fois supérieure à  celle de l’homme).

Pendant la journée il se repose, il joue. C’est dès le crépuscule et dans la nuit qu’il chasse : il repère sa proie de loin, s’en approche en silence,  attaque par surprise en prenant sa victime dans ses griffes acérées et la tue d’une morsure précise dans la gorge. S’il a raté son coup, il laisse la proie s’enfuir sans la poursuivre.  Un chevreuil ou un chamois assure au lynx une semaine de repas quotidiens et nocturnes. Au total, son régime , en Suisse, inclut 17 espèces dont l’écureuil, le renard, le lièvre, en plus des chamois, bouquetins et chevreuils.
Tous solitaires – sauf à  l’époque du rut – les lynx vivent dans les forêts de plaine et de montagne, et selon la qualité de l’habitat et la densité des populations de proies, chaque territoire contrôlé par un individu couvre de 100 à  300 km2 .  Les jeunes adultes sont priés d’aller se conquérir ailleurs leur propre territoire, ou sont éventuellement autorisés à  hériter du territoire d’un lynx mort. Ainsi, dans une région géographique donnée la population des lynx reste stable; tout au plus peut-elle s’étendre  à  une autre région.

Du point de vue sanitaire, en Suisse le lynx est surtout victime de la gale : des acariens creusent dans l’épaisseur de la peau des tunnels qui causent d’épouvantables démangeaisons.   L’animal se gratte de plus en plus violemment, s’écorche, les plaies s’infectent et cette infection finit par empêcher le lynx de chasser – il meurt d’inanition. Les acariens de la gale s’attrapent par contagion : elle vient principalement des renards que chasse le lynx, plus rarement ( c’est un solitaire ) de ses congénères.

Jean-Jacques Kurz

 

Mises à  jour

– 14 janvier 2013.  Bilan 2012 des grands carnivores dans le canton de Vaud: Faibles dommages causés au cheptel.

Neuf lynx ont été dénombrés dans les Alpes vaudoises et 15 autres dans le Jura vaudois lors du comptage de l’hiver dernier. Les effectifs sont ainsi stables dans les Alpes et en forte augmentation dans le Jura. Pour la seconde année consécutive, les dommages causés au cheptel demeurent faibles. Deux animaux de rente ont été tués.

Deux moutons ont été tués par le lynx à Orny, sur le Plateau vaudois. La reconduction des mesures de prévention et la vigilance élevée des éleveurs, soutenus par un civiliste aide-berger, ont permis de protéger efficacement les quelques 8000 ovins et caprins estivant dans les Alpes vaudoises contre des attaques de grands carnivores. Fin juillet, la conseillère fédérale Doris Leuthard et la conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro ont d’ailleurs salué les efforts de prévention adoptés par les éleveurs vaudois afin de cohabiter avec le lynx et le loup.
Le Concept lynx Suisse, établi par l’Office fédéral de l’environnement, précise qu’il revient aux cantons d’estimer le nombre de lynx présents sur leur territoire. Le programme de suivi des grands carnivores en Suisse, KORA, a ainsi réalisé, en collaboration avec le Canton et les chasseurs, une campagne de monitoring au moyen de pièges photographiques dans les Alpes vaudoises et le Jura au cours de l’hiver 2011/2012.
Neuf lynx ont été identifiés dans les Alpes, soit une densité de 1,81 spécimens pour 100 km2. Ce résultat reste proche de celui de l’hiver 2009-2010 au cours duquel 16 lynx avaient été répertoriés, soit une densité de 2,12 animaux pour 100 km2. Dans le Jura vaudois, 15 lynx ont été recensés, soit une densité de 2,88 spécimens pour 100 km2. Ce chiffre dépasse celui obtenu lors du comptage de 2008-2009 qui avait abouti à une densité de 0,96. Aucune preuve de la présence du loup n’a par ailleurs été récoltée pendant la période d’estivage 2012.
Le 8 novembre 2012, la Fédération des sections vaudoises de la Diana a déposé une résolution sollicitant la régulation du lynx dans le Jura, dans les Alpes et sur le Plateau auprès du groupe de coordination grands carnivores du canton de Vaud. Ce groupe – composé de représentants des milieux agricoles, de la Confédération, des organismes de protection de la nature, des éleveurs, de scientifiques et de chasseurs – a pour sa part demandé l’application du Concept lynx Suisse, à savoir, que la Conservation de la faune synthétise les données sur l’état des populations de lynx, l’évolution des populations d’ongulés sauvages et l’état de la jeune forêt. Cette analyse sera ensuite soumise à la cheffe du Département, afin de statuer sur la suite à donner aux constats qui auront été réunis. (Source: Direction générale de l’environnement, Etat de Vaud).

– 27 octobre 2011.   Le canton de Vaud va transférer un lynx des Alpes vers l’Autriche.
Dans les Alpes vaudoises, le suivi des populations de lynx réalisé durant l’hiver 2009-2010 a permis de dénombrer 16 lynx, soit huit de plus que deux ans auparavant. Les effectifs de chevreuils et de chamois ont atteint un niveau très faible. Afin de réduire l’impact du lynx sur les ongulés sauvages, le canton de Vaud transférera un lynx des Alpes vers l’Autriche.

Cette intervention est réalisée en accord avec l’Office fédéral de l’environnement, les cantons concernés et correspond aux exigences du Concept Lynx Suisse.
La direction du parc national autrichien des Kalkalpen désire renforcer ses effectifs de lynx par de nouveaux lâchers. L’OFEV, les cantons ainsi que les experts du KORA soutiennent ce projet de déplacement. Durant l’hiver 2010/11 une femelle capturée dans les Préalpes fribourgeoises avait déjà été lâchée avec succès en Autriche. Durant l’hiver 2011/12 de nouvelles tentatives auront lieu afin de capturer une femelle supplémentaire dans la population des Alpes suisses et un mâle dans le Jura.
Les tentatives de captures se concentreront dans les Alpes vaudoises jusqu’à fin mars 2012 puis le périmètre de capture sera élargi aux Préalpes fribourgeoises et bernoises. Dans la région du Jura des boîtes-pièges seront posées dans les cantons de Neuchâtel et Soleure. En plus, des proies de lynx seront recherchées dans les cantons précités ainsi que les cantons de Vaud, Berne et Bâle-Campagne en vue d’une capture au moyen d’un fusil hypodermique télécommandé à distance.
Les autorités cantonales expriment ainsi clairement leur volonté de diminuer le nombre de lynx dans le canton afin de contenir les dégâts qu’ils provoquent tant auprès des éleveurs que des chevreuils et chamois, ces derniers ne se reconstituant que très difficilement en dépit d’une chasse moins intensive. Des discussions sont en cours avec l’Autriche par l’intermédiaire de l’OFEV pour placer deux autres lynx vaudois. Par ailleurs, le Conseil d’Etat a demandé à plusieurs reprises que des compétences supplémentaires soient accordés aux cantons en matière de gestion des grands prédateurs dans le cadre de l’ordonnance fédérale sur la chasse qui a été soumis à consultation au printemps dernier.

– 17 juin. 2011. Gestion du loup et du lynx dans l’Etat de Vaud: Mesures décidées pour améliorer la sécurité des pâturages
“La politique de prévention vis-à-vis des grands carnivores mise en place par le Département de la sécurité et de l’environnement sera poursuivie en 2011. Dans les Alpes, une personne accomplissant son service civil a été engagée afin de soutenir les bergers dans le terrain durant toute l’estive.
A l’approche de la montée à l’alpage des moutons dans les Alpes, un loup est présent à la frontière avec le canton de Fribourg et les effectifs de lynx sont toujours élevés. Dans le Jura vaudois, le loup n’est toujours pas établi et la population de lynx demeure stable.
Le groupe de coordination constitué de représentants des milieux agricoles, des organismes de protection de la nature, des éleveurs et de scientifiques, propose de poursuivre la mise en place de solutions pour réduire les problèmes de cohabitation possibles entre les activités humaines et la présence du loup ou du lynx, sur la base des expériences menées depuis 2000 dans les Alpes vaudoises.
Cette année, le partenaire Agridea a totalement renouvelé son site internet afin de permettre aux promeneurs de se renseigner sur les alpages avec des mesures de protection des troupeaux, ainsi que sur les bonnes attitudes à avoir en présence de chiens de protection.
Devant le succès rencontré en 2010, la Conservation de la faune du canton de Vaud a engagé une nouvelle fois une personne accomplissant son service civil afin d’aider les éleveurs lors de la mise en place des mesures de prévention pendant toute la période d’estivage.
Pour terminer, trois éleveurs se sont portés volontaires pour participer à des tests d’intégration de chiens de protection dans des troupeaux de vaches afin d’anticiper les mesures à prendre lorsque plusieurs loups seront présents simultanément.”  Plus d’infos.

– Mai 2011. Berne, Office fédéral de l’environnement – Le 9 mai 2011, une femelle lynx a été transférée de Suisse vers le parc national autrichien de Kalkalpen.

le 09.05.2011, la jeune femelle a été capturée dans le nord-ouest des Alpes et relâchée dans le parc national autrichien de Kalkalpen (photo: parc national de Kalkalpen)

Le 9 mai 2011, une première jeune femelle adulte provenant du nord-ouest des Alpes a été relâchée dans le parc national de Kalkalpen. Cette opération contribue à renforcer la population de ces félins dans les Préalpes autrichiennes. D’autres transferts sont prévus. L’animal a été capturé le 30 mars dans le canton de Fribourg par la KORA (Projets de recherche coordonnés pour la conservation et la gestion des prédateurs en Suisse) et des gardes-faune cantonaux, sur mandat de l’OFEV. D’autres individus pourront être capturés une fois la saison de reproduction terminée.

Les premières réintroductions actives de lynx en Suisse ont eu lieu en 1971, suite à un arrêté du Conseil fédéral. Depuis, des populations stables se sont constituées dans le nord-ouest des Alpes et l’arc jurassien. Les projets de déplacements de lynx ont permis au félin de coloniser également le nord-est de la Suisse. Aujourd’hui, seuls l’arc jurassien franco-suisse et les Alpes suisses abritent des populations d’un seul tenant d’une certaine importance. Aussi la Suisse assume-t-elle une responsabilité particulière s’agissant de la conservation du lynx dans les Alpes.

Le Concept Lynx Suisse prévoit d’encourager l’expansion de ce carnivore en Suisse et dans toute la chaîne alpine, au travers de projets nationaux et internationaux. Les projets de transfert prévoient la capture de lynx dans des régions où leur densité est élevée afin de les relâcher dans des zones non encore occupées, en Suisse et à l’étranger. Les différentes populations alpines de lynx s’en trouvent ainsi renforcées et mieux reliées entre elles.
En savoir plus: Site de l’Office fédéral de l’environnement.

 

– Berne, 23.11.2010 Populations de lynx stables. Les populations de lynx en Suisse ont peu varié comme le montrent les derniers résultats du Monitoring Lynx. L’année 2009 totalise 484 observations fortuites de lynx. Les gardes-faune ont utilisé plus de pièges photographiques que les années précédentes. Un tiers des observations ont été faites dans le Jura, les autres dans les Alpes, le nord-est de la Suisse et quelques-unes sur le Plateau. Dans les Grisons, les observations de lynx ont été rares et il n’y en a eu aucune au Tessin.

Monitoring avec pièges photographiques dans le Jura et le nord-ouest des Alpes

Le Concept Lynx Suisse divise le pays en huit régions (les mêmes pour tous les grands prédateurs). Le suivi des populations de lynx se fait au moyen de piègeages photographiques intensifs, organisés à  intervalles réguliers dans les régions où l’animal est présent.
Dans ces régions, une centaine de pièges photographiques sont alors posés pour 60 nuits. En 2009, le monitoring a été réalisé dans le Jura et le nord-ouest des Alpes. Au nord-ouest des Alpes, on a observé 23 lynx indépendants et 6 juvéniles, ce qui correspond à  une densité de 1,97 animal par 100 km2 d’habitat propice au lynx. Ce chiffre est pratiquement le même qu’il y a deux ans. Les photos confirment aussi la présence des lynx MILA und NERO, déjà  connus dans les années 1990 et qui ont maintenant 14 et 13 ans. Au nord du Jura, on a observé 9 lynx indépendants différents, ce qui correspond à  une densité de 1,91 animal par 100 km2 d’habitat propice au lynx. Ce chiffre est légèrement plus élevé qu’en hiver 2006/07.

Croissance et pertes

Comme les années précédentes, 2009 a apporté des indices de reproduction des lynx. La plus grande partie des 37 observations a été faite dans le Jura, le nord-ouest des Alpes et la Suisse centrale. Les populations de lynx ont cependant subi aussi des pertes: 9 animaux ont été victimes d’accidents de la circulation, 5 jeunes lynx orphelins sont également morts.
En 2009, les lynx ont dévoré 34 moutons et 7 chèvres au total. Dans le nord-ouest des Alpes, les 19 animaux de bétail tués représente le moindre dommage depuis le début des années 1990.

Zones de référence dans toutes les régions

Un aperçu fiable de l’évolution des populations suisses de lynx nécessite la délimitation d’une zone de référence dans chaque région où le lynx est présent régulièrement. C’est dans ces zones de référence qu’il faut réaliser un monitoring par pièges photographiques tous les deux ou trois ans. Un projet pilote sera mené dans l’est des Alpes centrales en hiver 2010/2011 afin d’y définir là  aussi une zone de référence. Par ailleurs, l’intégration du Valais dans le monitoring national est en discussion.

 

 

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2 commentaires pour “Le lynx en Suisse: beaucoup de fantasmes, peu de faits
  1. Borgeaud-Zumoberhaus Liliane dit :

    Merci pour ce bel article, j’ai beaucoup aimée. Des réponses précises, un text claire et court.

  2. Lila Siouani dit :

    Bonjour,
    Hier, dimanche 17 avril 2011 je me suis promenée dans un bois à  Epalinges et j’ai pu observer un animal pendant plus d’une minute dont 15 à  20 secondes les “yeux dans les yeux” de l’animal. Je suis persuadée d’avoir vu un linx et non pas un “gros” chat. Il était sur ses gardes mais pas apeuré par ma présence. Il était tacheté avec une queue courte et sur ses oreilles des touches de poils. Je ne l’aurais jamais aperçu si j’avais été en mouvement. En effet, j’observais un pic-vert lorsque j’ai entendu du bruit, j’ai gardé le silence et il s’est approché près de l’endroit où j’étais. J’ai fait deux pas doucement mais il m’a entendu et c’est lठque nous nous sommes observés mutuellement. Nous nous observions à  moins de 15 mètres de distance. Il ne s’est enfoui que lorsque un VTT est passé dans le chemin.
    J’espère le revoir au cours d’une autre promenade.