Rémy Pagani veut révolutionner la politique du logement social de la Ville de Genève.

Stock de logements sociaux en Ville de Genève
Evolution du stock de logements sociaux en Ville de Genève. Source : Ville de Genève, 29/10/2007.

 

Rémy Pagani, magistrat en charge du Département des constructions et de l’aménagement, s’inquiète des répercussions qu’auront la nouvelle loi sur le logement social (Loi pour la construction de logements d’utilité publique, LUP) et les nouveaux prix de vente des terrains admis dans la zone de développement sur la construction de logements sociaux en ville de Genève. Rémy Pagani a constaté que lors des dix dernières années le système des PLQ (plan localisé de quartier) n’avait pas permis de combler les attentes en matière de logement social, il décide donc de s’engager dans une politique foncière active sans exclure des moyens musclés en cas de blocages. Comment la Ville, qui n’a pas encore les moyens financiers de cette politique, va-t-elle pouvoir la mettre en oeuvre? Comment la Ville va-t-elle faire respecter les critères de qualité de construction dont le Canton veut s’affranchir?

Ecouter la réponse de Rémy Pagani :

[display_podcast]

Un constat dramatique.

Il était temps de se saisir de la situation : entre 1998 et 2007 le nombre des logements HLM a baissé de 40% et les quelques 4000 logements existants en Ville de Genève disparaîtront d’ici 20 ans. Les dangers sont les mêmes pour la majorité des logements construits jusque vers 1970 (vrai-faux logements sociaux) ou ceux occupés depuis très longtemps par leurs habitants et qui peuvent être remis sur lemarché à  un prix fortement réévalué après une intervention cosmétique minimale, ceci malgré la loi LDTR censée exercer un contrôle des loyers sur cinq ans.

La Ville s’est fixée pour objectif de revenir à  un parc de logement social de 7000 appartements, soit au niveau de celui de 1998, il est aujourd’hui de 4368, mais cette volonté se heurte à  plusieurs problèmes dont en premier celui de la répartition des compétences Ville-Canton.

L’augmentation du prix des terrains n’incite pas à  l’optimisme : en 1995, le prix moyen du terrain dans le quartier du Mervelet était de 728 francs/m2, entre 2000 et 2005, ce prix est passé à  1009 francs, puis après 2005 et le nouveau barême décidé par le Canton celui-ci est passé à  1350 francs/m2 avant d’atteindre 1895 francs/m2 aujourd’hui. Or, à  plus de 880 francs/m2, M. Pagani estime qu’il devient impossible de construire du logement social.

Cette question du logement social ne concerne pas que des personnes en difficultés financières, mais une majorité des habitants de Genève, sans changement de politique classes moyennes et moins favorisées iront se loger à  Bellegarde qui prévoit déjà  le mouvement en commençant à  construire dans ce sens.

Texte intégral des propositions de la Ville de Genève :

Pour répondre au besoin pressant de logements sociaux, la Ville de Genève propose:
1. d’imposer un modèle d’application de la loi sur les LUP en adéquation avec les potentiels des PLQ en force, et plus spécifiquement avec ceux dont la légende indique une part de logement social.
Parallèlement la Ville de Genève exigera, dans le cadre des préavis et des arrêtés relatifs aux futurs PLQ, la part de logements sociaux prévus.
2. de mener une politique foncière plus offensive pour disposer des surfaces nécessaires à  la construction de logements sociaux.
D’une part grâce à  l’intensification de l’usage du droit de préemption et l’élargissement de son périmètre géographique d’exercice. D’autre part à  travers la mise en place d’une démarche continue de prospection du marché immobilier pour conclure des acquisitions à  l’amiable sur l’ancienne base de prix de la zone de développement.

3. de conduire une politique volontariste de construction de logements sociaux sur les terrains préemptés, acquis à  l’amiable, échangés ou en main propre. Pour ce faire, la Ville de Genève entend insuffler une nouvelle dynamique avec les acteurs de la construction de logements sociaux (Fondation de la Ville de Genève pour le logement social, Groupement des coopératives genevoises, etc.).
4. d’instaurer une réflexion foncière intercommunale en relation avec une politique forte de création de logements.
La Ville de Genève a pris note que la loi sur les LUP prévoit que les communes peuvent bénéficier du budget total de 300 millions de francs sur 10 ans pour aider à  la constitution du parc de logements sociaux.
A cet effet, elle se déclare partie prenante à  la mise en oeuvre des grands projets d’urbanisation cantonaux (La Chapelle des Sciers, les Communaux d’Ambilly, Frontenex, la Tulette), ainsi qu’aux déclassements de la zone agricole envisagés dans le cadre du plan directeur cantonal et sous ses conditions.
Ces propositions n’entacheront pas la volonté de la Ville de Genève de s’atteler à  la reconstruction des anciens terrains des Services Industriels à  la Jonction, à  l’urbanisation du périmètre de la gare des Eaux-Vives et à  la mise en oeuvre d’autres opérations. (29/10/2007)

Publié dans société
Un commentaire pour “Rémy Pagani veut révolutionner la politique du logement social de la Ville de Genève.
  1. danièle jenkins dit :

    cher monsieur,
    je reherche un logement de toute urgence dans le quartier parc bertrand de loyer petit. Il y a à  la route de Florissant une coopérative avec tout ce que cela implique, subventions, aide etc. Les loyers sont entre Fr. 600.– et Fr. 890.- par mois pour des 3 à  4 pièces, je gagne 2100.- par mois plus le revenu de mes enfants soit environ Fr. 5’000.– par mois pour tous et suis acuellement logée avec mes 3 enfants dans un appartement de mon ex compagnon et dont le bail est résilié pour fin mars 2009.
    J’ai envoyé mon dossier à  3 reprises dans cette coopératives, pour un 5 pièces et deux 3 pièces IMPOSSIBLE d’y accéder, les appartements se passent entre les uns et les autres et les personnes qui y logent ne sont vraiment pas pauvres.
    Je dois dire que personne ne prête attention au caractère social et d’urgence de mon dossier dans cette coopérative.
    Comment se fait il que cela puisse se faire ? que cette coopérative soit encore aidée par la ville sachant qu’elle ne respecte nullement le caractère social de son statut ? Ce qui présomine c’est le fait d’être proche des locataires donc, les enfants, les cousins etc passent avant tout critère social. Est-ce normal ?
    Merci de ma répondre et meilleures salutations.

2 Pings/Trackbacks pour "Rémy Pagani veut révolutionner la politique du logement social de la Ville de Genève."
  1. […] Rémy Pagani veut révolutionner la politique du logement social de la Ville de Genève. (29 octobre 2007) – Un projet pilote de renouvellement urbain à  Genève (4 […]

  2. […] Dominique Gros,  Claude Haegi, Léon Meynet, Fernando Sixto, Marion Innocenzi, Caroline Lacombe. – Rémy Pagani veut révolutionner la politique du logement social de la Ville de Genève. 29 octobre 2007. – Nathalie Heinich : “J’aimerais bien que les artistes […]