Le mirage de l’autonomie selon Tony Matelli

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Total Torpor-Mad Malaise, 2003, (détail). Silicone, cheveux humains, mousse d’urethane, 129.5 x 70 x 80 cm, Photo Galerie Pierre Huber © Tony Matelli.

Une figure masculine déformée, nue et ravagée par les furoncles avec un sourire condescendant s’offre à nous depuis son podium. Le travail respire l’ironie de Matelli en nous demandant de jeter un regard critique sur nous-mêmes, sur nos habitudes et la culture autour de nous.

Le voeu de Tony Matelli est d’amener le spectateur à s’engager, se plonger dans son travail qu’il cherche à présenter sous une forme séduisante. Mais comment l’y conduit-il avec des œuvres à l’aspect souvent grotesque tel ce Total Torpor Malaise présenté par Pierre Huber dans sa galerie genevoise ?
« Total Torpor Mad Malaise », explique Tony Matelli, n’est pas du tout une tentative de critique sociale, je l’inscris plutôt dans la tradition de l’humour noir. Quoiqu’en dise son apparence, je n’ai pas cherché à dépasser de quelconques limites. La volonté de transgression a été si romantisée et pervertie que je me demande si elle n’est pas devenue une simple tentative de distinction. Tout comme l’art politique, la transgression est devenue kitsch. De plus, la transgression devient un acte intentionnel, alors que mes personnages ne sont généralement pas des acteurs volontaires.

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Total Torpor-Mad Malaise, 2003. (Arrière-plan, de g. à d. Pascal Bircher et Steven Parrino.)

Ainsi, le personnage de « Total Torpor Mad Malaise », est un genre de victime fière, pas quelqu’un d’engagé dans la contestation d’un univers normatif, c’est un produit de cette culture normative, pas un transgresseur, et il en va de même avec la plupart de mes personnages. Certains y voient de l’obscénité, mais personnellement je ne crois pas à la présence de cette notion dans l’art. »

Matelli explore un champ situé entre les désirs intimes et les forces extérieures, ce qui le conduit à s’intéresser à « l’alcool dont la consommation permet d’exacerber une sensation de singularité, de créer une zone temporaire autonome et fuir l’espace balisé de la société. De même, la masturbation est censée produire le même effet. Elle procure une sensation de liberté et d’autonomie, bien qu’implicitement improductive. Cependant, tout comme sous l’influence de l’alcool, cette sensation d’autonomie n’est qu’un mirage. »

Tony Matelli est un sculpteur né en 1971 à Chicago en 1971.

« Total Torpor Mad Malaise » de Tony Matelli fait partie de l’exposition « Insolite », avec des oeuvres de Pascal Bircher, Candice Breitz, John Coplans, Tony Matelli, Tony Oursler, Steven Parrino, Jim Shaw.

Insolite
Galerie Art et Public. Rue des Bains. Genève. Dès le 15 septembre 2016.

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Publié dans art contemporain, arts, expositions