Google a transmis en cachette les données des journalistes de WikiLeaks au FBI

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De g. à d. Kristinn Hrafsson et Sarah Harrison journalistes de WikiLeaks, le juge Baltasar Garzón présentent l’ordonnance de recherche et de saisie des données. Photos Jacques Magnol.

C’est deux ans et demi après les faits que Google a informé les journalistes de WikiLeaks de la transmission de leurs données conservées par la société aux autorités états-uniennes. L’entreprise de services de l’Internet obéissait à une ordonnance qui imposait également le secret de l’opération. Les avocats de WikiLeaks se sont adressés à Google pour savoir si la société a tenté de s’opposer à l’ordonnance comme le fit Twitter.

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Le juge Baltasar Garzón.

Le 26 janvier, à Genève, le juge Baltasar Garzón, accompagné de deux journalistes de WikiLeaks et de l’avocate de Julian Assange, a détaillé la liste des délits dont le gouvernement états-unien tente d’accuser Julian Assange et d’autres éléments de l’organisation WikiLeaks. Ces accusations peuvent conduire à une peine d’emprisonnement de 45 ans.

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Melinda Taylor, avocate de Julian Assang, et Kristinn Hrafsson journaliste de WikiLeaks.

Selon WikiLeaks, le gouvernement états-unien tente de se prévaloir d’un pouvoir universel d’imposer leur “Espionage Act” et les délits de conspiration ainsi que de violation d’ordinateurs, ce qui constitue un « précédent horiffiant pour la liberté de la presse pour le monde entier. Une fois l’infraction imputée à un journaliste ou sa source, c’est toute l’organisation du média qui peut être accusée de conspiration. »

Le procédé est inacceptable pour le juge Garzón qui va le combattre. D’autre-part, il estime le comportement des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la Suède choquant. M. Garzón rappelle que “Julian Assange s’est déclaré à la disposition de la justice suédoise qui n’a pas saisi l’occasion de l’interroger.  Ce dernier vit reclus à l’intérieur de l’ambassade de l’Equateur à Londres dans des conditions qui s’apparentent à la détention car il n’est pas libre de se déplacer à l’extérieur, même pour y recevoir des soins médicaux étant donné qu’il est certain que les autorités de Grande-Bretagne l’arrêteraient en cas de sortie. M. Assange serait ensuite livré aux Etats-Unis où il risquerait d’être torturé comme le fut le soldat Manning”.

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L’ordonnance secrète de recherche et de transmission des données adressée à la société Google. Voir le document complet

Les avocats de WikiLeaks ont écrit à Google pour exprimer “leur consternation face à l’attitude de la société qui s’est abstenue d’aviser les journalistes de l’ordonnance de recherche et de transmission de leurs données. Cette faute de notification a empêché les journalistes de protéger de recherches illégales leurs droits à la vie privée et à la liberté. L’ordonnance qui appelle à “se saisir de l’ensemble (des données)” est inconstitutionnellement vaste et paraît violer le “Privacy protection Act”; à ce titre elle avait de grandes chances d’être rejetée; malgré cela, Google a transmis tout ce qui leur était possible.

Bien que Google assure avoir fait l’objet de la part du gouvernement des Etats-Unis d’une ordonnance imposant le secret. Il n’y a aucune indication que Google ait combattu cette injonction. Des ordonnances similaires contre des journalistes de WikiLeaks ont été contestées avec succès par Twitter dans des délais bien plus courts.”

Lire également :

– Julian Assange était à Genève le 4 novembre 2010 : A Genève, Julien Assange rappelle que l’être humain est capable de ça.

Chaque citoyen n’est plus désormais qu’un terroriste potentiel. Giorgio Agamben.

– L’engagement d’Edward Snowden et des journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras a réveillé les consciences à propos de la protection de la vie privée à l’ère du numérique, du rôle du journalisme, des dangers du secret gouvernemental. Les changements prendront du temps mais ils seront fondamentaux. Le film de Laura Poitras, Citizenfour, vient de recevoir plusieurs distinctions à Los Angeles. Vidéo : Edward Snowden, Laura Poitras et Glenn Greenwald.

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Publié dans politique culturelle