Emanuela Lucaci à la recherche du mystère originel

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Stalker no 2, The beast is awakened, huile sur toile, 2014. Emanuela Lucaci.

La découverte de l’approche méditative d’Andreï Tarkovski a conduit l’artiste Emanuela Lucaci sur la voie d’une aventure existentielle à la recherche de l’harmonie, comme tous les héros des films du réalisateur russe. 

« Le but de tout art, écrit le réalisateur russe, est de donner un éclairage, pour soi-même et pour les autres, sur le sens de l’existence, d’expliquer aux hommes la raison de leur présence sur cette planète, ou, sinon d’expliquer, du moins d’en poser la question ». Ce mystère originel auquel Tarkovski a voulu redonner toute sa place dans Stalker, son oeuvre centrale, a conduit l’artiste Emanuela Lucaci à tenter d’exprimer l’inexprimable par la peinture.

 

Emanuela Lucaci. 19 mars 2014.

 

Saisir la vie comme un songe

Quel autre médium aurait-elle pu choisir pour transmettre les sensations spirituelles qui vibrent dans l’oeuvre de Tarkovski ? Quel autre médium aurait ou choisir Emanuela pour transmettre la fulgurance de la sensation par la simple image. Il est question ici de susciter les sensations grâce aux métaphores d’un monde parfait en danger. Il faut citer les objectifs et références de Tarkovski pour saisir le bouleversement que son oeuvre provoqua chez Emanuela Lucaci.
Egalement peintre de l’émotion, Emanuella ne pouvait qu’être fascinée par le “peintre des sensations” qui fuyait le concept et le symbolisme. Ainsi dans Stalker, la terre gorgée d’eau fait remontre ces souvenirs ou rêves de la  terre originelle. Fenêtre sur un  monde détruit, ou fenêtre sur un monde purifié, naturel, en devenir. Les vibrations s’activent tant face au film que des peintures imaginées ou même révées à l’ombre du cinéaste admirateur de Tolstoï.

Bergman a justement rappelé la part du rêve en écrivant que Tarkovski réussit “à saisir la vie comme un songe, ajoutant qu’il se péplace dans l’espace des rêves avec évidence. En visitant moi-même cette exposition, j’ai été induit en erreur par une approche trop rapide, manquant de capter les vibrations pour les faire miennes en plongeant dans La Zone si mystérieuse de Stalker. Pour atteindre derrière le voile des transparences une vérité supérieure, Tarkovski rend compte d’un monde qui échappe à la raison. D’où l’irrésistible tentatio du monde des rêves. Lui le fait au moyen de l’image en moivemet, Emanuela enfouit ces métaphores au centre de la toile

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Stalker no 3, 2014. The Room of desires. hst 80 x 120 cm. Emanuela Lucaci.

 

“Seul l’art est capable de connaître et de définir l’Absolu”. 
Croyant fermement à la bonté inhérente de la nature, le réalisateur russe pensait que la vie de l’individu n’a qu’un seul but : se hisser au niveau de l’absolu moral, rester ouvert à la vie et servir la beauté : “Seul l’art est capable de connaître et de définir l’Absolu”.
Dans un prolongement mystique, Emanuela Lucaci poursuit cette quête spirituelle par une recherche personnelle sur les notions de Bien et de Mal, tant dans l’oeuvre de Tarkovski que dans celle d’autres cinéastes comme par exemple Bergman, et ce n’est pas un hasard si celui-ci était un admirateur du premier.

L’exposition The Good and the Evil, à Andata.Ritorno, retrace un voyage dans les oeuvres cinématographiques des pionniers de la pellicule.

Suite de l’interview :

 

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Magical Forest“, 2014. hst. 95 x 115 cm. Inspiré du film de Akira Kurosawa “Dreams, Sunshine through the rain”. Emanuela Lucaci.

 

« Les scènes que je peins sont une conversation entre mon ressenti et les histoires du réalisateur. Dans le cas de Fabrice Rossel, ses vidéos silencieusement poétiques mettent en scène des rêves qui semblent m’appartenir. La nature est sublimée. Les peintures sont un espace, un lieu reconnaissable du monde qui nous entoure, pourtant elles font écho à nos paysages intérieurs, lointains comme le souvenir d’un rêve et pourtant proches, comme nous les avons toujours connus. »Emanuela Lucaci.

 

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Amarcord no 3, 2012. hst. 95 x 115 cm. Inspiré du film de Federico Fellini. Emanuela Lucaci.

 

The Good and the Evil. Emanuela Lucaci.

20 mars au 18 avril 2014.

andata.ritorno, laboratoire d’art contemporain
37 rue du Stand 37
Genève.

Ouvert du mercredi au samedi de 14.00 heures à 18.00 heures

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Un commentaire pour “Emanuela Lucaci à la recherche du mystère originel
  1. Simon Lanier dit :

    Merci à l’artiste Emanuela Lucaci pour ce travail complet et abouti, aussi bien en théorie qu’en pratique.

    Continue à raviver ces mondes oniriques en voie de disparition.

    Simon Lanier